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HISTOIRE DU SCOUTISME

Naissance du Scoutisme
Et les filles ?
La loi Scoute de BP
La religion voulue dans le scoutisme ?
Evolution vers les SdF
La IInde Guerre Mondiale
L'après Guerre
Naissance des Scouts d'Europe
[Document : Le scoutisme Européen]
Naissance des SUF

Présentations des Grands Mouvements



NAISSANCE DU SCOUTISME

  Tout commence par l'histoire d'un homme. Enfant, il aimait jouer dans les taillis broussailleux où il tendait des pièges à lapins. Il apprit ainsi à ramper en silence, à reconnaître sa route, à lire les traces, à faire du feu facilement camoufable, à se cacher.
  Cet homme est anglais,il se nomme BADEN-POWELL. Il devient militaire, et général de l'armée coloniale anglaise.

  C'est en 1900, pendant la guerre du Transvaal en Afrique du Sud , lors d'un siège qu'il eut à soutenir à MAFEKING contre les Boers (Hollandais), que notre histoire fait ses premiers pas. B.P (c'est ainsi que tous les scouts l'appellent (bi-pi)) était si démuni de soldats qu'il dut envoyer sur le front tous ceux dont il pouvait disposer. Il arpenta les rues de la ville de Mafeking, et ramassa tous les jeunes garçons désoeuvrés, qui traînaient dans les rues, pour leur confier des missions d'éclaireurs, d'estafettes. Ceux-ci s'en tirèrent fort bien, et la ville fut sauvée.

  Il est acclamé en héros à son retour, et des jeunes garçons lui demandèrent des conseils de vie par courrier. Il prend ces demandes au sérieux, leur répond d'abord de toujours chercher à faire une bonne action par jour à son prochain, "un bon tour". Vu l'intérêt qu'il avait éveillé chez nombre de jeunes, il tente la première expérience sérieuse du Scouting du 25 Juillet au 9 Aôut 1907 sur l'île de BROWSEA. Il y réuni des jeunes, l'aventure, et un idéal... et ça marche! Les garçon sont pourtant issus de tous les milieux sociaux... La promesse sur son honneur de faire toujours de son mieux y fut matérialisée.

  En 1908, Sir William Smith (fondateur des boy's brigade) lui demande d'écrire, et BP publie les bivouacs, les chapitres bimensuels d'un livre: Eclaireur. Le livre fut publié à plus d'un demi-million d'exemplaires du vivant de BP en plus des traductions faites dans plusieurs langues.A cette occasion, BP crée les 5 buts du Scoutisme (Santé, Sens du Concret, Personnalité, Service, Sens de Dieu), les 10 articles de la loi scoute, qui sont positifs, n'engendrent aucune interdiction, ne faisant que proposer au garçon une règle de vie que ce dernier promet de mettre en pratique de son mieux, et une organisation convenable (32 garçon maximum, subdivisés en patrouilles de 8). Plus tard, ils furent classé en 3 degrés pour des raisons psychologiques: louveteaux (8- 11 ans), éclaireurs (12-17), routiers (17 et +). Un mouvement se développe sans qu'il s'y attende. Devant la masse de travail qui lui est demandée de toute part (garçons, puis filles), il démissionne de l'armée en 1910. Le roi d'angleterre prend le mouvement naissant sous son patronnage: quel encouragement! Alors il travaille. Ce qu'il veut, c'est permettre au garçon de mener lui-même son bateau. Pour cela, en développant les qualités d'éclaireurs par le jeu et non par le travail, il veut donner le goût au jeune garçon d'aimer à faire les choses, au lieu d'avoir à les faire.Il espère ainsi qu'en marchant vers son maximum personnel, le garçon devenu adulte fera de même dans le service de Dieu et de sa Patrie.

  Concrètement, BP attire les jeunes gens (de 12 à 17 ans), les place dans la nature sous la direction d'un chef à peine plus agé qu'eux, et aprennent par eux-même, en dehors des cadres habituels et d'un esprit trop militaire à se débrouiller en copiant ce que faisaient les coureurs de steppe dans les colonies: bien connaître la nature, y survire, y dormir, y manger, tout en développant des connaissances et des dons pour servir de mieux en mieux son prochain. Ces activités se vivaient les jours de congés, dans des troupes d'une trentaine de garçons constituées en quatre patrouilles de 7 ou 8 garçons.La grande nouveauté découlait de l'acceptation d'une loi positive en 10 articles, que le jeune scout s'engageait solennellement à observer, sur l'honneur, aussi bien dans le cadre de la vie associative qu'à la maison et tous les jours.

    En 1910, le scoutisme est étendu aux plus jeunes, et naissent les louveteaux (8-11 ans). En 1916 les Guides, et en 1917 les Routiers (17 ans et +). Et déjà le scoutisme a franchi les mers: Chili, puis France, Scandinavie, USA.
  En 1920, BP est nommé chef scout mondial.

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ET LES FILLES ?

  Ce sont elles qui ont réclamé leur part dans le scoutisme. BP n'avait pas d'abord pensé à elle, mais devant l'engouement que le scoutisme provoquait, il s'est réjoui de voir ces demoiselles prêtes à se lancer dans l'aventre. Puisqu'il donnait aux scouts des exemples tirés des mythes de la chevalerie, de l'indianisme, il voulut en donner aussi aux jeunes filles.

  Dans Girl Guiding édition, revue de 1918, BADEN- POWELL a donné les exemples d'infirmières, de cuisinières, de blanchisseuses, d'ordonnances et de messagères militaires, de chauffeuses d'usines ayant ainsi servi durant la guerre de 14-18 ; ceux de jeunes femmes devant aller vivre dans les colonies capables de se tirer d'affaire dans un environnement sans confort et sans doute dangereux. Dans ce livre, BADEN-POWELL narre quelques aventures de " femmes aux confins du monde civilisé ", de quoi créer l'enthousiasme ! Certains passages ne manqueront pas d'intriguer et même d'indigner... Aux pages 47 et 48 de la 5ième édition française (1945) nous pouvons lire l'histoire d'une femme qui parvint à se cacher quand sa ferme fut attaquée en l'absence de son mari. Quand les secours arrivèrent, tous les serviteurs indigènes avaient été tués. " La seule émotion qu'elle montra fut son immense soulagement en apprenant qu'un de ses domestiques avait tué un des brigands qui emportait sa machine à coudre au moment où celui-ci allait la jeter dans un puit... " II s'agit peut-être d'humour anglais ! "Permettez-moi de répéter encore que le succès dans sa carrière n'est ni le but unique ni la suprême joie de la vie d'une jeune fille. Elle a devant elle une récompense qui est d'autant plus douce qu'elle a été acquise par un dur travail, la récompense glorieuse d'une union selon son cœur et d'un foyer qui soit le sanctuaire de sa vie. Elle partagera ce bonheur avec un mari qui sera son ami et son protecteur. Même si elle est consciente de sa force et indépendante, c'est une joie de sentir la protection d'un bras fort " (pages 165 et 166 de l'édition française de 1945). Pourquoi Guide et non Scoute ? Car comme les guides de montagne (pages 49 et 51 de l'édition française de 1945), elle accompagne, elle aide les autres à mener à bien leurs entreprises. Les Scouts (éclaireurs) découvrent et ouvrent la voie aux autres ... De plus " ... une femme qui est capable de se tirer d'affaire est respectée aussi bien par les hommes que par les. femmes. Ils sont toujours prêts à suivre ses conseils et son exemple, elle est leur guide ". Bien sûr, la traduction est peut-être mauvaise ...
(renseignements pris auprès des Guides Catholiques de Belgiques, merci à elles (site ici))

 


LA LOI SCOUTE DE B.P

     
      1. On peut compter sur l'honneur d'un éclaireur
      2. Un Eclaireur est loyal
      3. C'est le devoir d'un Eclaireur d'être utile aux autres et de leur venir en aide
      4. Un Eclaireur est l'ami de tous
      5. Un Eclaireur est courtois
      6. Un Eclaireur est un ami des animaux
      7. Un Eclaireur obéit aux ordres
      8. Un Eclaireur sourit et siffle quand il rencontre une difficulté
      9. Un Eclaireur est économe
      10. Un Eclaireur est propre dans des pensées, dans ses paroles et dans actes

 

  Comme emblême du Scoutisme, il choisit la fleur de lys, comme symbole de pureté et de paix, mais surtout parce qu'elle indique la bonne direction (le haut, la nord sur les vieilles cartes) sans tourner à droite ni à gauche. Elle est aussi dans ses armes...

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ET LA RELIGION ?

Dans un monde sécularisé comme le nôtre, de plus en plus de personnes remettent en cause la place de la religion dans le scoutisme et s'interrogent sur son origine. Avait-elle seulement été pensée par Baden-Powell ?
Bien sûr, il faut se remettre dans un contexte tout autre, dans une Angleterre anglicane où la Reine est chef de l'Eglise, et où la religion fait partie du quotidien de tous, où elle est omniprésente, que l'on soit anglican comme BP (également fils de pasteur), protestant, ou même catholique, religion minoritaire en Angleterre alors. A l'époque, la vie religieuse allait de soi, et la religion chrétienne (avec toutes ses variantes et chapelles) représentait un facteur de cohésion sociale.
Mais BP déjà était interrogé sur la place qu'il donnait à la religion dans le scoutisme, et il a eu ainsi à de maintes reprises l'occasion de préciser très formellement sa pensée à ce sujet. En voici quelques citations :

« Un homme n'est pas grand chose s'il ne croit pas en Dieu et n'obéit pas à Ses lois. Aussi bien, chaque Éclaireur doit-il avoir une religion »
Scouting for boys, 1908 (= Eclaireurs, répété dans le Livre des Éclaireuses, 1918, et en 1946)


« Notre but est de pratiquer la religion chrétienne dans la vie et dans les activités de chaque jour, et pas seulement de professer sa théologie le dimanche. »
Scouting fot Boys, 1940, préface, répété dans la Route du succès, 1922, et dans The Scouter, 1928)


« (...)Une façon sûre d'amener [le garçon] à une prise de conscience de Dieu réellement vécue s'appuie sur l'étude de la nature et, en ce qui concerne ses devoirs de Chrétien, sur la pratique scoute de la "bonne action", etc. »
Scouting for Boys, 1908, répété dans Headquaters Gazette, 1918)


« Les activités scoutes constituent le moyen par lequel le pire des voyous peut être amené à des pensées plus élevées qui feront naître en lui les éléments de la foi religieuse »
Aids to ScoutMastership, 1944 (répété dans Éclaireur, 1908)


« Voici quelle est l'attitude du mouvement des Eclaireurs en ce qui concerne la religion; (...):
a) Chaque Eclaireurs est censé appartenir à une religion et en suivre les cultes.
b) Là où une troupe est composée de garçons adhérant à une forme de religion déterminée, on compte que le chef organisera, pour le mieux, des services et une instruction religieuse après avoir consulté l'aumônier de la troupe.
c) Là où la troupe comprend des Eclaireurs de confessions différentes, on les encouragera à assister au service divin de leurs propre confession; au camp, toute espèce de prière journalière ou de culte hebdomadaire devrait être le plus simple possible, la présence de chacun étant facultative.
Si le chef suit ces conseils, il ne peut commettre de grosses erreurs »
Aids to ScoutMastership (=Guide du Chef Eclaireur, 1946)


« Celui qui lit Éclaireurs d’une façon superficielle pourrait regretter que la religion y tienne si peu de place. Mais pour celui qui essaye d’appliquer le contenu de ce livre, la religion, qui en fait la base, apparaît bientôt. Ce n’est pas la religion d’une Eglise ou d’une secte* particulière; mais c’est un esprit qui, sans qu’il s’en aperçoive, se saisit du jeune garçon et lui donne un christiannisme pour la vie de tous les jours et non pas seulement une religion du dimanche.
Un auteur disait récemment du Scoutisme: «Comment se fait-il que les Eglises négligent un tel levier?»
Eh bien, elles commencent à s’en servir maintenant. »
Aids to scoutmastership


« Il est sans doute fort difficile de donner une définition précise de la formation religieuse dans notre Mouvement, car il y coexiste des confessions fort différentes. C'est la raison pour laquelle les détails de l'expression du devoir envers Dieu doivent être laissés dans une large mesure entre les mains des responsables locaux du Mouvement. Mais nous insistons sur un point: la garçon doit observer et mettre en pratique la religion qu'il professe, quelle qu'elle soit » (...) « La piété envers Dieu, le respect du prochain et le respect de soi-même en tant que serviteur de Dieu sont la base de toutes les formes de religion »
Aids to ScoutmasterShip, 1944; et Eclaireurs, 1918


« On m'a demandé de décrire plus complètement ce que j'avais à l'esprit en ce qui concerne la religion quand j'ai fondé le scoutisme et le guidisme. La question qu'on m'a posée était : "en quoi la religion y entre-t-elle ?"
Eh bien, ma réponse est la suivante: "Elle n'y entre pas du tout. Elle est déjà là. Elle est le facteur fondamental, sous-jacent, du scoutisme et du guidisme" »
Discours à la Conférence des Commissaires scouts et guides, 1926
*"secte" est à entendre ici en son sens originel de "section", qui désigne les diverses églises protestantes.

Il y a bien d'autres morceaux très beaux où BP s'exprime sur la religion et Dieu, et l'éducation du jeune en matière chrétienne. Des choses qui seraient même bonnes à suivre en Catéchisme ou en évangélisation pleines de sagesse. Il explique dans un texte que "les détails de l'expression du devoir envers Dieu doivent être laisées" entre les mains des responsables locaux à cause de la diversité de confessions, en ajoutant que quelle que soit la religion choisie, elle doit être observée et mise en pratique.
Le révérend père Jacobs, jésuite et Aumônier Général de la Fédération des Scouts Catholiques de Belgique (FSC) de 1923 à 1931, et membre du Comité Mondial, rapporte même un jour dans la "Master Gazette" des Scouts Baden Powell de Belgique (pp.16 à 18) parue en janvier 1920 "un souvenir personnel où B.P. Lui-même lui a fait la déclaration que voici : «Le Scout est avant tout un croyant ; je répudie tout scoutisme qui n'a pas la religion à sa base »".
Cette déclaration privée de BP n'ajoute cependant pas grand chose à ses propres écrits.

Un autre événement est rapporté par le père Despont, aumônier scout, dans son ouvrage Pionniers du scoutisme :

« Quelques semaines avant l'armistice du 11 novembre 1918, Baden Powell était venu en France, et les Eclaireurs de France avaient organisé en son honneur une réunion le 21 octobre. Peut-être animé par l'esprit d'"union sacrée" qui régnait alors, ils y invitèrent les Entraîneurs de St-Honoré-d'Elau. Avec ses garçons, l'abbé Cornette s'y rendit, seule soutane parmi tous ces garçons et ces chefs. Baden Powell le remarqua, s'enquit de son action et le salua de ses mots qui enlevaient tout doute de sa pensée : "Je remercie le ciel, Monsieur l'abbé, que vous soyez venu. Vous représentez l'idée religieuse que j'ai voulu placer à la base de mon oeuvre." »

Sa vision d'une présence globale et traversante de la religion dans le scoutisme se lit aussi dans sa lecture des 4 buts qu'il a donné au scoutisme :

  • le caractère
  • la santé
  • l'habileté manuelle
  • le sens du service
Pour lui, la dimension religieuse se trouve incluse dans chacun de ces 4 buts. Et le 4e but est la mise en pratique de la religion, qui connaît déjà différentes déclinaisons dans les écrits du fondateur : service d’autrui, service du pays, service de Dieu...

Mais il est certain que c'est avec l'apport du Père Sevin que le scoutisme prendra une évolution religieuse encore plus prononcée, tout en conservant son "être propre", comme disait le jésuite, ferme défenseur du scoutisme comme oeuvre d'éducation globale et non seulement dédiée à la religion. BP aura d'ailleurs bien des louanges à l'égard du Père Sevin, de sa compréhension et son apport au scoutisme.

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EVOLUTION DU SCOUTISME
Les scouts de France

  En France quelques pasteurs protestants lancent les premières troupes d'Eclaireurs et obtiennent vite le succès. Les troupes sont formés à 75% de Jeunes Catholiques. Un pasteur remarque naïvement que par le scoutisme l'idéal de la Réforme va pénétrer les familles catholiques... Le Chanoine Cornette rencontre à Meudon les Éclaireurs rassemblés, dont les 3/4 sont catholiques. Il s'en inquiète auprès de ceux-ci et s'attire la réponse suivante d'un jeune chef de patrouille: “C'est de votre faute! Pourquoi n'y a-t-il pas de scouts catholiques !?”.

   Les évêques commencent par rejeter le scoutisme, car il provenait d'un anglican (fils de pasteur), militaire et général de l'armée anglaise, et prétendu issu de la franc-maçonnerie (anglaise, qui est très différente de la franc-maçonnerie française condamnée par l'Eglise). Cela s'avérera être faux (il semblerait que son frère, par contre, en était).

  Quelques initiatives voient le jour cependant: En 1910 naît une troupe d'éclaireurs de France (neutre); en 1911, les eclaireurs des Alpes (catholiques), fondés par l'abbé d'ANDRÉIS; une troupe d'éclaireurs Unionistes (protestants); les scouts du mâconnais en 1912 (la Milice St Michel du Creusot, puis les Éclaireurs Mâconnais et l'Avant Garde St Lazare à Autun), et des petits groupes sans liens les une avec les autres, parfois non explicitement scouts à cause du désaccord des hiérarchies.
  Par exemple, à Paris, l'abbé CORNETTE, paralysé des deux bras mais de grande ardeur pastorale, est rejoint par le scoutisme en 1917 grâce aux deux frères COZE, âgés de 14 et 15 ans, qui ont vécu le scoutisme à l'étranger, et ne peuvent plus le vivre en France. Aidé du Eclaireur de BP, il fonde les "Entraîneurs catholiques de France".
  (Il est l'auteur de la célèbre maxime: "meilleurs scouts parce que catholiques, meilleurs catholiques parce que scouts").

  En 1911, BP envoie de Londres une Troupe de Scouts anglais en Belgique pour aider à l'implantation du mouvement. L'année suivante, Jean Corbisier y lance officiellement le mouvement, grâce à l'aide du Père SEVIN. Mais il règne une grande hétérogénéité entre ces troupes, et elles ne sont pas encore au point au niveau scoutisme.
Le Jésuite Jacques SEVIN, parti en Belgique pour ses études, découvre donc le scoutisme. Il fait une enquête à sa source, en Angleterre. Là bas, le scoutisme catholique était soutenu par le cardinal de Westminster. Il rencontre le général Baden Powell, et comprend à quel point il serait bon de développer un scoutisme catholique. Il commence à concrétiser son idée en 1914 en Belgique, clandestinement à cause de la guerre, et en 1918 lance une association de scouts de France.

  Mais en France, la nécessité d'un mouvement vraiment catholique se fait jour, réclamée par la jeunesse. On ne veut pas faire fusionner les mouvements; comme en Angleterre, entre protestants et neutres, laissant à chaque mouvement le choix de sa religion. Le chanoine Cornette est convaincu lui aussi qu'il faut créer une fédération capable de prendre place dans l'action catholique naissante. Nous sommes en 1920, mais les discussions n'avancent pas, chaque groupuscule voulant conserver son identité. Découvrant l'action du Père Sevin, il parvient à faire imposer son point de vue sur le scoutisme catholique, et le 25 Juillet 1920 est créée la "Fédération Nationale Catholique des Scouts de France", pressée par l'annonce d'un Jamboree à Londres, premier rassemblement mondial des scouts.

   En 1921 fut instituée la promesse à DIEU et à l'église ( BP avait institué la promesse à Dieu et au roi). L'article 3 est modifié vers une résonnance plus chrétienne: "Servir et sauver son prochain" (au lieu de "to be useful and to help them": être utile aux autres et leur venir en aide)

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LE PERE SEVIN
Le Père Sevin


"Je ne sais pas ce qu'est un scout, mais je sais ce qui est scout! "

  En 1920, donc, le Père Sevin (grand ami de BP et jésuite, surnommé "renard noir") fonde l'association du Scoutisme Français (avec le général de Maud'huy, et le chanoine Cornette, qui est ambassadeur des scouts auprès des évêques et du Pape, et surnommé "vieux loup" , et Edouard de Macedo). Le Père Sevin reçoit l'autorisation de Baden-Powell d'organiser des camp-école d'égale valeur internationnale que celui de Mac-Laren en Angleterre (c'est dire la confiance qu'il a en lui), ce qu'il fait à CHAMARANDE. Il faut dire qu'il est l'une des rares personnalités à accepter toutes les nouveautés de la méthode de scoutisme de BP. Sa compréhension admirative du scouting fit qu'il transforma la déjà très remarquable méthode déiste de Baden Powell en un mouvement magnifié, dirigé, orienté par et vers le Christ lui-même.

  C'est à cette fin qu'il a choisi pour emblème du scoutisme français la croix potencée, qui était aussi la croix de messire Godefroy de Bouillon ("d'argent à la croix potencée d'or cantonnée de quatre croisettes du même", créée pendant les croisades, à une époque où les règles héraldiques n'étaient pas encore très établies), général des croisés de Jérusalem.
  Ces armes sont aussi celles de Jérusalem car Godefroy fut proposé pour devenir roi de Jérusalem; il refusa de porter ce titre (le réservant à Dieu) mais devint quand même gouverneur de la cité (sous le titre "d'avoué du Saint-Sépulcre"), et lui a donc donné ses armes(surtout quand son frère Baudoin prendra à sa mort le titre de roi).

Ces armes sont donc devenues celles de la sainte cité de Jérusalem.
L'ordre du sépulchre de Jérusalem reprendra lui aussi cette croix, en modifiant sa couleur (elle passe à "gueules").

Et c'est ainsi que le père Sevin, qui fondera les scouts de France en 1919, reprendra cette croix, comme symbole de l'universalité de la Rédemption.

  Il se bat, et défend vigoureusement devant les autorités ecclésiale le scoutisme. Il dément à Rome qu'il soit protestant, ni naturaliste, ni encore moins Franc-Maçon (BP l'était, à la façon déiste anglaise, mais pas le scoutisme une fois remanié par le père Sevin). Il définit un esprit scout particulier, et voit très loin. Il envisage même un monde scout, avec création d'école et entraide sociale, ordres religieux, et un des meilleurs moyens de s'opposer au socialisme (à l'époque équivalent au communisme et très anti-religion). Il fut très critiqué par ses collaborateurs (comme preque tous les saints) ce qui conduisit à son renvoi en 1933, après avoir été 10 ans mestre de camp à Chamarande. Il l'accepta avec humilité.

  En attendant, il avait placé à la base de l'éducation scoute l'Amour (aimer le jeune tel qu'il est, et pour ce qu'il est appelé à être), la Joie (celle de l'oubli de soi, celle qui est contagieuse), et la Confiance (comme disait BP: "même dans les pires canailles, il y a toujours 5% de bon. Croire sur parole, et croire capable du mieux").
  Il a découvert une véritable spiritualité scoute: ascèse, recherche des Vertus : FRANCHISE, DEVOUEMENT, PURETÉ, donner par le contact de la nature une mentalité de campeur (c'est à dire "d'homme vraiment libre, indépendant des lieux et des biens, homme qui ne tient à rien, pas même à sa tente, et qui par conséquent, est toujours prêt.". C'est la spiritualité de la Route.)

  Le père Sevin a également créé de nombreuses traditions joyeuses et toujours vivantes, et nombre de chants scouts qui sont repris joyeusement aujourd'hui encore.

  Son procès de béatification est en cours.

Les autres personnes à l'oeuvre

  D'autres hommes ont encore aidé considérablement à l'évolution du scoutisme. Parmi eux, il y eut le Père Doncoeur, jésuite comme le Père Sevin, qui aidé du Père Forestier, un dominicain, va exhumer de l'Histoire des récits gonflés d'idéal.
  Il y a encore Paul Coze (visible en général dans une tenue de cowboy), parti en Amérique qui partagera sa vie entre les tribus cheyennes et les troupes scoutes. Il en rapportera la totémisation (qui se passait alors selon un mode tout à fait différent d'aujourd'hui, en public, et certaines interdictions qui ont dû s'imposer proviennent de la perte de l'esprit initial de la totémisation), et aussi sa passion des immenses pays perdus.
  Nous avons aussi l'honneur de pouvoir citer Guy de Larigaudie parmi les nôtres, véritable Globe-Trotter, qui quittait dès qu'il le pouvait son château du Périgord pour aller chevaucher aux quatre coins du monde. Il raliera Saïgon depuis un jamboree en Hollande avec "Jeanette", qui sera la première automobile à franchir l'Himalaya. Il désirait soigner les lépreux en Nouvelle-Calédonie. Mais il fut fauché à 28 ans par les mitrailleuses allemandes sur son cheval, en 1940...
Enfin, on ne peut pas omettre Marcel Callo, qui fit sa Promesse en 1934. Il sera conduit dans les camps de concentration 10 ans plus tard à cause de sa foi, où il apportera une lumière dans la nuit de chacun. Il fut béatifié par Jean-Paul II


LA IIe GUERRE MONDIALE

 En 1920 débutent les SdF. En 1924, le mouvement s'étend à 9 provinces.
En 1927, l'association est reconnue d'utilité publique.
En 1939, la guerre perturbe tout le mouvement. 7000 chefs partent aux armées défendre la Nation! (oui, à l'époque ce mot avait encore un sens !!). Les scouts se retrouvent isolés: 14 000 000 de frères coupés les uns des autres.
  Nous devons lire avec respect ce qu'ont fait nos aînés. 3000 scouts sont mort aux champ d'honneur, pour la france, souvent en héros... (Jacques Desplat, Maugey, Hugues de Montmorin, Guy de Larigaudie...) et combien d'autres. 7000 chefs vécurent les camps de prisonnier.

  Pendant la guerre, le scoutisme survécut clandestinement en zone occupée. En 1940, le gouvernement de Vichy organise et subventionne le regroupement des quatre mouvements de scoutisme en état dans la zone sud (libre), en une Fédération du Scoutisme français qui perdure encore aujourd'hui dans la même règlementation.
  En zone occupée, beaucoup de chefs devienrent résistants, et beaucoup périrent. (Un mémorial fut construit dans le village de Riaumont).

  Paradoxalement, le mouvement évolue en zone Nord aussi, grâce entre autre à Pierre Delsuc. Sans uniforme et avec mille ruses, le scoutisme catholique fonctionna avec sa hiérarchie et sa pédagogie ! Mais ce ne fut pas sans accidents, et des scouts attrappés le payèrent cher.

  En 1942, le Père Paul DONCOEUR s'intéresse au scoutisme, et surtout à la branche aînée, les routiers. Il organise pour eux un pélerinage en Août 42 au Puy, et en dépit des difficultés pour la zone Nord, près de 10 000 participants (non tous scouts) prièrent pour la libération des prisonniers et de la France.

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L'APRÈS GUERRE
La reconstruction

 En 1944, les équipes nationales Nord et Sud des Scouts de France peuvent se rencontrer pour la première fois depuis 1940, pour faire face à la nouvelle situation.

 Le chef Georges Gauthier, revenu des camps de prisonniers, accepta la lourde tâche de la direction générale en 1946. Mais après le Jamboree de la Paix tenu en France en 1947 (visité par le président de la République), il se rendit compte qu'il manquait de cadres, et s'efforça d'opérer une reprise de conscience des valeurs spirituelles telles que voulue par le Père Sevin. C'est que les "valeurs" américaines de consommation avaient pris le pas !

Michel Menu devient Commissaire éclaireurs en 1947. Malgré la croissance des effectifs, Menu constate de nombreux problèmes quand à la qualité du scoutisme dans l’association. Il lance alors la proposition Raiders-scouts, basée sur des objectifs ambitieux se reposant sur l’action des aînés de la troupe qu’il faut retenir (cette tranche d’âge se désintéressait du scoutisme).
  
Parallèlement à la voie de Michel Menu, d'anciens chefs (Mr Goutet et Cruiziat) proposent eux-aussi une rénovation du scoutisme au travers d'un "Grand chambardement", comme ils l'appelèrent. Cette voie veut proposer, dans une société française en pleine mutation, des changements plus profonds par rapport à la donne de la méthode scoute originelle. Gauthier et le père Forestier s'y opposèrent jusqu'en 1953.

  En 1953, G. Gauthier est remplacé par Michel Rigal, élu pour 18 ans à la tête du mouvement et favorable à ces changements. François Lebouteux prends la tête du commissariat national éclaireurs et sera l’artisan d’un certains nombres de réformes. Plusieurs actions au plan national, comme «l' ENTREPRISE 62», mène petit à petit, à la spectaculaire réforme Rangers/Pionniers de 1964. Cette année là, à la Pentecôte, sur le thème "pour un monde en voie de socialisation", sont annoncées les réformes du mouvement : nouvelle séparation des tranches d'âge, nouvel uniforme plus voyant, fin du système des patrouilles façonné par BP (et fin du chef de patrouille), modification de la loi et des traditions catholiques, jeu remplacé par le chantier, perte du rôle éducatif de la nature au profit de celui de la cité.
   L’une des réformes les plus importantes est la séparation de la branche éclaireurs 12-17 ans en deux branches : les Rangers (12-14 ans) et Pionniers (14-17 ans), à qui on donnera comme modèle l’homme des chantiers, séparés des plus petits pour leur permettre de vivre pleinement le scoutisme. Il reste alors à inventer un nouveau scoutisme pour les 11-15 ans
   C'est une équipe formée en dehors du scoutisme qui propose une nouvelle pédagogie fondée sur l'autonomie de l'enfant. Ainsi est proposée une direction égalitaire de la patrouille et de la troupe (au contraire de la place importante du CP donnée autrefois), et l’apprentissage du jeune par lui-même dans tous les domaines. Il n'est plus accordé de place préférentielle à l’adulte référent ni aux scouts plus âgés à prendre en modèle. Lebouteux s'en serait plaint sans résultat. La notion de service communautaire est également mise davantage en avant.

 

  Ces changements, comme nous le voyons, bouleversèrent la donne initiale. Certains voulaient rester fidèles au modèle unitaire, ce qui sera une des causes de l’éclatement du scoutisme catholique français. Dans les bouleversements de la société durant les années 70, la voie des Scouts de France ne fait pas l’unanimité et l’association voit ses effectifs baisser pour la première fois. Des changements ultérieurs arrêtront l'hémoragie, mais sans permettre la réunion des scoutismes catholiques.

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NAISSANCE DES SCOUTS D'EUROPE

  Des hommes et des femmes redécouvrent les principes du Scoutisme, et parviennent à se dégager de la tendance du moment à remplacer le chef par un spécialiste de l'éducation des garçons.

  Les idées de base furent lancées par un Autrichien Frédéric VON PERKO, en Août 1952 avec la création des Europa-scouts en Autriche, qui pour la première fois pourraient dépasser les frontières nationnales. Mais faute d'adaptation et de réflexion sufisante, le mouvement ne résista pas au réel, et n'eut pas le succès escompté (mais il survit toujours en Europe).
   Il se scinde, et en 1956 est créé la Fédération du Scoutisme Européen (FSE) (Bund Europäischer Pfadfinder » (B.E.P.)) en Allemagne après le discours de Jean Claude Alain, invité pour cette réunion internationale, quoiqu'il ne soit pas Europa Scout.

  Jean-Claude Alain, chef d’un groupe de l’ « Association Nationale des Scouts Russes, croyait à l'idée d'un scoutisme Européen pouvant dépasser les frontières de façon à éviter les erreurs du passé et de la guerre. Suite au succès du BEP allemand, il fonde en Juillet 1958 l'association française des "Scouts d'Europe", avec Jean-Pierre Roussel qui devient commissaire de l'Alsace-Lorraine. (Mais il fera scission en 1962 et créera la FSE- Alsace)
  D'autre pays, Grande-Bretagne et Belgique notamment, suivent rapidement et forment leurs associations.

  Le 21 Août 1962, en Bretagne, le mouvement scout de Perig GÉRAUD-KERAOD rejoint celui des Scouts d'Europe. Il s'agit de la "Communauté Scoute Bleimor", qui ont rejoint depuis peu les Europa Scouts et dont Périg devient le Commissaire Général. Apportant 250 membres à l'association, il a beaucoup d'influence et va pouvoir donner à l'association une impulsion nouvelle. Il va réformer les textes, le directoire religieux, et l'ambition européenne du mouvement, lui donnant véritablement un nouveau souffle.
   Ce que veulent les scouts d'Europe à ce moment là : mettre l'idéal du scoutisme au service d'une unité européenne non pas politique, mais fondée sur le christiannisme et la chevalerie.


  Un peu plus tard sera créée la Fédération du Scoutisme européen, regroupant scouts et guides, séparement, de plusieurs associations (Angleterre, Allemagne, Belgique, France).

 Les scouts d'Europe se sont donc développés parallèlement aux scouts de France, et avant la réforme de 1964. Cependant cette réforme va leur permettre de prendre leur essor, à cause du rejet que les jeunes vont en faire. La pédagogie des scoutes d'Europe réunit au sein d'une seule association les garçons et les filles, mais avec des unités et des activités distinctes. L'accent était mis sur les idéaux chevaleresques que symbolisent l'insigne de l'association et son étendard (Le baussant).

  En 1964 le premier camp est lancé, la première réalisation concrète de l'espoir d'un renouveau du Scoutisme de Baden-Powell.

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Une histoire du Scoutisme Européen (dossier) [pdf]

  Ce document présente enfin de façon complète et ordonnée l'histoire difficile de la naissance du Scoutisme Européen, de ses scissions, de ses avatars, et nous en fait un récit détaillé.

En 1999, Tom Depoorter, jeune étudiant en informatique après des études d'histoire, décide de se lancer sur Internet à la recherche de tous les sites des groupes scouts de son mouvement scout : les « Guides et Scouts d’Europe – Belgique » alias « Europascouts en –gidsen – België » en néerlandais. Mais voilà que le mot de recherche ‘europascouts’ lui donne quelques étranges résultats.

  Poursuivant ses recherches avec la F.S.E. il trouve un jour sur un site des scouts d’Europe d’Alsace le nom de Jean-Claude Alain, annoncé comme fondateur officiel de la F.S.E., au lieu du nom habituellement donné par son mouvement : Perig Géraud-Keraod.

  Sa formation de professeur d’histoire le pousse dès lors à rechercher la vérité sur l'histoire du Scoutisme Européen. D'un simple projet personnel, le but de Tom passe à la rédaction d'un résumé de cette histoire lorsqu'il découvre que la méconnaissance règne même parmi les cadres du mouvement. Au long de sa quête, il accède aux ressources documentées du Laboratoire Scout de Riaumont, et rencontre le Commissaire des Affaires International des Europa Scouts. Enfin, les pièces du puzzle commencent à s’emboîter …

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NAISSANCE DES  S.U.F

  Michel Menu avait vu d'un mauvais oeil l'évolution dramatique des Scouts de France. Il fit partie de ceux qui essayèrent au sein des Scouts de France de promouvoir l'idée de la coexistence d'un scoutisme traditionnel, qui fut baptisé « unitaire », en référence à la volonté de ne pas séparer en deux la branche éclaireur.

  À cet effet avait été créé en 1964 l'association "Réflexion de Scoumestres", dont faisait partie aussi le célèbre dessinateur Pierre Joubert. Cependant, la volonté des Scouts unitaires de rester au sein des Scouts de France rencontra trop d'obstacles,et en 1971 fut créée l'association des Scouts Unitaires de France (SUF) fidèle à la croix potencée du baussant des Scouts de France et à la pédagogie traditionnelle, pratiquée jusqu'aux changements de 1964 (tout comme les scouts d'Europe donc).

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Présentation des mouvements ...

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