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Zebra One
Nous a rejoints le : 19 Oct 2001 Messages : 13 984 Réside à : Lyon
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Texte: Un indice boursier chrétien lancé
La crise économique et financière est devenue un véritable levier pour les finances éthiques et socialement responsables à l’instar de la finance islamique. Après l’indice boursier respectant les règles de la sharia − le Dow Jones Islamic Market Index créé en 1999 −, le « Stoxx Europe Christian Index », le premier indice d'actions européennes fondé sur les valeurs chrétiennes, vient d'être lancé.
Lancé officiellement par Stoxx, la société européenne émettrice d'indices boursiers, lundi 26 avril, en Suisse, le « Stoxx Europe Christian Index » a été créé en réponse à la demande croissante des investisseurs pour des placements éthiques. « Avec le lancement de l'indice Stoxx Europe Christian, nous reconnaissons qu'il y a de plus de plus de chrétiens qui souhaitent investir en fonction de leurs croyances religieuses », a déclaré, par voie de communiqué, le PDG de Stoxx, Hartmut Graf.
Un tel indice n’est cependant pas nouveau. Le FTSE KLD Catholic Values 400 Index, un indice catholique lancé pour les sociétés américaines, existe depuis 1998.
Comme la finance islamique, les sociétés souhaitant figurer dans le nouvel indice ne peuvent tirer profit du tabac, de la drogue, de la pornographie, de la prostitution, des produits de contraception, des jeux d’argent ou encore de la vente d'armes. Seule différence avec l’indice sharia-compatible : est inclue la production porcine et d’alcool, alors que porc et alcool (y compris les spiritueux, des boissons contenant un certain pourcentage d’alcool) sont formellement interdits en islam.
L’éthique au centre de la finance d’essence religieuse
Pour garantir le respect de ces règles, un comité indépendant, composé d’experts, de représentants de la communauté chrétienne et du Vatican, a été mis en place. Comme un « sharia-board » en finance islamique, le comité sera chargé de vérifier si les activités des sociétés intégrant l’indice ainsi que les actions qu’elles émettent sur le marché sont vertueuses au sens chrétien du terme.
533 entreprises européennes, dont les compagnies pétrolières BP et Royal Dutch Shell, les laboratoires pharmaceutiques GlaxoSmithKline et Sanofi-Aventis, les banques BNP Paribas et HSBC, le groupe agroalimentaire Nestlé et les opérateurs télécom France Télécom et Vodafone, ont d’ores et déjà intégré le Stoxx Europe Christian Index.
On remarquera subtilement que la classe politique française, qui ne cesse, à tort, de prôner la laïcité s’agissant à tout ce qui touche les musulmans, n’a pas encore réagi devant l’intégration des valeurs d'entreprises françaises comme BNP, France Télécom ou Sanofi à l’indice chrétien.
D'autre part, une question taraude l’esprit : le partage des pertes et des profits et l’adossement de l’économie sur des actifs réels, des principes fondamentaux de la finance islamique, seront-ils autant de rigueur pour la finance chrétienne si des banques, les mêmes que celles qui ont permis la propagation de la crise de 2008, y sont intégrées ?
La question reste entière. Les prêts à intérêts, que le christianisme a longtemps interdit, continuent de perdurer. Seule lueur d’espoir : l’intégration de ces banques dans l’indice chrétien pourrait permettre à ces dernières d’évoluer vers plus d’éthique et plus de justice sociale.
Il n’en reste pas moins que cette finance chrétienne, loin d’être une concurrente de son pendant islamique, demeure complémentaire et répond à une demande légitime d’investisseurs lassés par les excès de la finance conventionnelle.
(...)
Des règles strictes
Reste que pour figurer dans le «Christian Index», les règles sont strictes et surveillées par un comité indépendant. Il est composé de représentants du Vatican, de Christian Brothers Investment Services Inc. (CBIS), qui en assurent la direction, de la Missionary International Service News Agency (MISNA) ainsi que d'universitaires et de professionnels de l'investissement.
Des fonds éthiques
Ces fonds éthiques, qui sont à la finance ce que les produits bio sont à l'industrie agroalimentaire, ont pour vocation d'apporter de l'éthique dans un domaine qui en manque cruellement, celui de la finance. Mais cela suffira-t-il à moraliser le capitalisme pour répondre à la crise économique?
Philippe Spicher, directeur de Centre Info, à Fribourg, une agence de notation de durabilité, déclare: « Sur le principe même, l'indice chrétien répond à un besoin. Il existe en effet certainement des opérateurs qui désirent investir en bourse tout en pouvant sélectionner des entreprises qui respectent les valeurs chrétiennes auxquelles ils adhèrent. Ceci reflète une tendance plus large du marché, dans la mesure où l'on constate un intérêt grandissant pour des stratégies d'investissement basées sur des critères éthiques, environnementaux et sociaux.»
Professeur à l'Université de Fribourg, Paul H. Dembinski en doute. «Ce n'est pas la première fois que les opérateurs économiques bricolent ce genre de fonds d'investissements. Je suis très sceptique envers les produits financiers éthiques, écologiques, végétariens ou chrétiens.»
A l'instar des autres, «l'indice chrétien est un produit marketing avant tout». Pourquoi? «Je ne pense pas que le Vatican ou d'autres Eglises cautionneraient de tels fonds d'investissements, ce n'est pas leur vocation. Le choix, aussi en matière d'investissement, relève de la responsabilité individuelle du croyant, laquelle ne saurait être sous-traitée à un label.»
Et le christianisme, dans cette affaire? «L'Eglise demande de faire des investissements au service de la personne humaine, de l'humanité et pas uniquement au service de la rentabilité», indique Nicolas Betticher, vicaire général du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg. «Pour nous, une gestion de fonds à partir de critères éthiques peut aussi être un argument de conscientisation et de commercialisation de l'activité financière.»
Présélections discutables
Paul H. Dembinski nuance: «Il y a un ensemble de valeurs qu'apporte le christianisme et qu'il est du devoir de chacun de pratiquer dans la vie quotidienne. Les présélections en matière d'investissement sont discutables car il s'agit de jugements péremptoires sur des réalités (entreprises) éminemment complexes. Le christianisme consiste moins à s'occuper de la paille dans l'oeil du voisin que de la poutre dans le sien. Or la sélection d'investissements est une activité de jugement et le christianisme ne fonctionne pas comme ça.»
Par ailleurs, les spécialistes pointent du doigt une faiblesse majeure: les entreprises sélectionnées pour figurer dans l'indice chrétien, comme Nestlé, sont aussi cotées dans d'autres portefeuilles où le critère de valeur chrétienne n'est pas pertinent.
Source 1
Source 2
Je trouve l'analyse de cet indice assez bien vue, mais je suis étonnée de la mention d'experts du Vatican pour un indice qui n'est pas reconnu (et n'a pas à l'être) par le Vatican.
Je pense qu'on va avoir pas mal d'article de presses qui foncent dans cette brèche sans vérifier le moins du monde ce qu'en dit le Vatican...
Sinon, l'idée de fonds éthiques est une très bonne chose, mais de là à apposer une étiquette chrétienne à des sociétés du CAC 40...
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