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Auteur
La Liberté
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Rantanplan
canidé
  
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Scène : Maître de Cérémonie
Nous a rejoints le : 19 Fév 2004
Messages : 4 261

Réside à : France-désert
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Citation:
Le 2006-07-20 22:43, Balbuzard a écrit
Par exemple, je suis libre de ne pas me rendre à la messe mais j'en suis responsable. Si j'avais été obligé d'y aller, ma fréquentation de l'assemblée dominicale aurait été supérieure voire égale.

Non, tu n'es pas libre de ne pas te rendre à la messe le dimanche... Tu passes là outre les distictions qu'on a déjà faites... Ta liberté est d'y aller. Et tu ES obligé d'y aller, pourquoi ce "si" ? C'est une OBLIGATION... Mais c'est la qu'on distingue liberté psychologique et liberté morale (Koudou l'avait déjà noté...) : tu n'as pas la liberté morale de zapper ta messe, mais tu en as la liberté psychologique (et je préfèrerais dire : "tu en as la possibilité matérielle", je trouve ça plus "parlant"... mais enfin, faut savoir s'il l'on veut un minimum philosopher ou non...). Tu es OBLIGE d'y aller, moralement; mais tu n'es pas obligé en pratique, ta liberté psycholgique n'est pas contrainte... Personne ne vient te chopper à bras le corps pour t'y emmenener...
Donc, je pense que tu es trop restrictif, et que tu omets une partie du Pb...
3
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Af' Le Loup
Membre confirmé

Nous a rejoints le : 03 Juil 2004
Messages : 3 870

Réside à : 92 et ... 29
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C'est vrai que l'usage du terme "obliger" est souvent abusif. On dit parfois "je suis obligé de manger, de respirer"... Est-ce un devoir? Pour les enfants, peut-être car il faut parfois les discipliner. Mais c'est avant tout une nécessité, une contrainte.

Je crois qu'il ne faut pas confondre "obligation" et "nécessité". L'obligation suppose la volonté, pas la nécessité qui implique la dépendance. Pour la messe, est-ce une nécessité ou une obligation? Je ne suis pas sûr que la réponse soit la même pour tout le monde. Pour certains la messe est peut-être une obligation, un exercice de la volonté libre, mais pour d'autres c'est une nécessité vitale (ou ça l'est devenu), comme l'amour par exemple. Même si cette nécessité est d'ordre affectif, elle n'est pas sans conséquence sur la vie en général.

On peut se retrouver malade et même mourir de tristesse par manque d'amour. Tu me diras que c'est plutôt le mauvais état de santé consécutif à la tristesse qui fait mourir, il n'empêche la tristesse n'est pas un choix mais un état de dépendance. On peut être "obligés" d'aimer la personne qu'on a épousée, c'est un devoir. Mais on peut aussi avoir "besoin" de l'aimer, on peut aussi souffrir et ne pas supporter de vivre sans elle.

Af'
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Malaiac
Membre

Nous a rejoints le : 23 Mai 2005
Messages : 42

Réside à : Ouest
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Tolérance : non pas faire quelque chose à contre coeur, mais le choix d'encadrer une pratique mauvaise qu'on ne peut interdire.

D'ou les "maisons de tolérance" (ouvertes par saint Louis) : puisqu'on ne peut empêcher le plus vieux métier du monde, autant le circonscrire.

En utilisant cette acception originelle, l'appel des minorités bêlantes à la "tolérance" est particulièrement ironique ( = "nous sommes un mal que vous ne pouvez éradiquer, alors supportez nous").

J'utilise le mot avec circonspection (... "il y a des maisons pour ca"). En début de camp jumelé cette année, je l'ai soigneusement évité (on ne "tolère" pas les différences des scouts d'une autre troupe, on les accepte ou respecte, par contre on peut tolérer certains débordements qui ne sont pas acceptés dans sa propre troupe).
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Bessou
Membre confirmé
  
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Église : Acolyte
Nous a rejoints le : 27 Oct 2002
Messages : 996

Réside à : Grand Ouest
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Partant du principe que le Magistère de peut se contre-dire; il nous faut identifier avec précision ce qu'il enseigne. Pour approfondir le sujet, il me semble indispensable de lire les articles du CEC consacrés au sujet (à partir notamment de l'article §1730) auxquels je vous renvoie vivement.

Ce qui suit n'est évidemment pas une synthèse exhaustive sur les enseignements du Magistère au sujet de la Liberté. Je me contente juste de commenter certains points pouvant apparaître comme des éléments de réponse ou d'éclaircissement par rapport aux questions débattues.




Définition de la Liberté:




CEC §1731 (le compendium reprend exactement cette définition.)

La liberté est le pouvoir, enraciné dans la raison et la volonté, d'agir ou de ne pas agir, de faire ceci ou cela, de poser ainsi par soi-même des actions délibérées. Par le libre arbitre chacun dispose de soi. La liberté est en l'homme une force de croissance et de maturation dans la vérité et la bonté. La liberté atteint sa perfection quand elle est ordonnée à Dieu, notre béatitude.



Cette définition nous autorise déjà à distinguer 3 niveaux d'exercice de la liberté:

  • Liberté vis-à-vis de soi (liberté psychologique) par laquelle nous sommes responsables de nos actes;

  • 1734 La liberté rend l'homme responsable de ses actes dans la mesure où ils sont volontaires. Le progrès dans la vertu, la connaissance du bien et l'ascèse accroissent la maîtrise de la volonté sur ses actes.

  • Liberté vis-à-vis d'autrui: nous ne pouvons pas vivre et agir indépendamment des autres;


  • 1738 La liberté s'exerce dans les rapports entre les êtres humains. Chaque personne humaine, créée à l'image de Dieu, a le droit naturel d'être reconnue comme un être libre et responsable. Tous doivent à chacun ce devoir du respect. Le droit à l'exercice de la liberté est une exigence inséparable de la dignité de la personne humaine, notamment en matière morale et religieuse (cf. DH 2). Ce droit doit être civilement reconnu et protégé dans les limites du bien commun et de l'ordre public (cf. DH 7). (1998 Catéchisme 1738)

    Ainsi Dignatis Humanae affirme (§7):
    Dans l'usage de toute liberté doit être observé le principe moral de la responsabilité personnelle et sociale : la loi morale oblige tout homme et groupe social à tenir compte, dans l'exercice de leurs droits, des droits d'autrui, de leurs devoirs envers les autres et du bien commun de tous. A l'égard de tous il faut agir avec justice et humanité. (1965 Dignitatis Humanae 7)

  • Liberté vis-à-vis de Dieu: La Liberté n'est pas une indépendance par rapport à Dieu nous dit le Cardinal Journet.


  • 1732 Tant qu'elle ne s'est pas fixée définitivement dans son bien ultime qu'est Dieu, la liberté implique la possibilité de choisir entre le bien et le mal, donc celle de grandir en perfection ou de défaillir et de pécher. Elle caractérise les actes proprement humains. Elle devient source de louange ou de blâme, de mérite ou de démérite.




1733 Plus on fait le bien, plus on devient libre. Il n'y a de liberté vraie qu'au service du bien et de la justice. Le choix de la désobéissance et du mal est un abus de la liberté et conduit à "l'esclavage du péché" (Rm 6,17).






La Liberté humaine dans l'économie du Salut





1739 Liberté et péché. La liberté de l'homme est finie et faillible. De fait, l'homme a failli. Librement, il a péché. En refusant le projet d'amour de Dieu, il s'est trompé lui-même; il est devenu esclave du péché. Cette aliénation première en a engendré une multitude d'autres. L'histoire de l'humanité, depuis ses origines, témoigne des malheurs et des oppressions nés du coeur de l'homme, par suite d'un mauvais usage de la liberté.


1740 Menaces pour la liberté. L'exercice de la liberté n'implique pas le droit de tout dire et de tout faire. Il est faux de prétendre que "l'homme, sujet de la liberté, se suffit à lui-même en ayant pour fin la satisfaction de son interêt propre dans la jouissance des biens terrestres" ( instr. "Libertatis conscientia" 13). Par ailleurs, les conditions d'ordre économique et social, politique et culturel requises pour un juste exercice de la liberté sont trop souvent méconnues et violées. Ces situations d'aveuglement et d'injustice grèvent la vie morale et placent aussi bien les forts que les faibles en tentation de pécher contre la charité. En s'écartant de la loi morale, l'homme porte atteinte à sa propre liberté, il s'enchaîne à lui-même, rompt la fraternité de ses semblables et se rebelle contre la vérité divine.


1741 Libération et salut. Par sa Croix glorieuse, le Christ a obtenu le salut de tous les hommes. Il les a rachetés du péché qui les détenait en esclavage. "C'est pour la liberté que le Christ nous a libérés" (Ga 5,1). En Lui, nous communions à "la vérité qui nous rend libres" (Jn 8,32). L'Esprit Saint nous a été donné et, comme l'enseigne l'Apôtre, "là où est l'Esprit, là est la liberté" (2Co 3,17). Dès maintenant, nous nous glorifions de la "liberté des enfants de Dieu" (Rm 8,21).


1742 Liberté et grâce. La grâce du Christ ne se pose nullement en concurrente de notre liberté, quand celle-ci correspond au sens de la vérité et du bien que Dieu a placé dans le coeur de l'homme. Au contraire, comme l'expérience chrétienne en témoigne notamment dans la prière, plus nous sommes dociles aux impulsions de la grâce, plus s'accroissent notre liberté intime et notre assurance dans les épreuves, comme devant les pressions et les contraintes du monde extérieur. Par le travail de la grâce, l'Esprit Saint nous éduque à la liberté spirituelle pour faire de nous de libres collaborateurs de son oeuvre dans l'Eglise et dans le monde:











Liberté n'est pas indépendance



396 Dieu a créé l'homme à son image et l'a constitué dans son amitié. Créature spirituelle, l'homme ne peut vivre cette amitié que sur le mode de la libre soumission à Dieu. C'est ce qu'exprime la défense faite à l'homme de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, "car du jour où tu en mangeras, tu mourras" (Gn 2,17). "L'arbre de la connaissance du bien et du mal" (Gn 2,17) évoque symboliquement la limite infranchissable que l'homme, en tant que créature, doit librement reconnaître et respecter avec confiance. L'homme dépend du Créateur, il est soumis aux lois de la création et aux normes morales qui règlent l'usage de la liberté. (1998 Catéchisme 396)



On retrouve ici un élément déjà abordé dans les autres fuseaux: l'Homme n'est pas libre au sens d'indépendant Si l'Homme au cours de son existence gagne en autonomie, il reste une créature soumis aux lois de la création (Il ne peut faire ici le choix) et qui doit se soumettre au Créateur (l'homme a ici une liberté psychologique, mais pas morale).

Ainsi, le nouveau-né ne peut vivre sans sa mère; l'enfant progresse [cite]en sagesse, en taille et en grâce, auprès de Dieu et des hommes[/cite] en étant soumis à ses parents (cf Luc 2). A vrai dire l'homme ne peut pas vivre seul, il vit en société. Cette vie implique des règles et des inter-dépendances évidentes. Il y a donc des règles civiles auxquelles doit se soumettre l'homme dans le domaine du naturel. Il en va de même dans le domaine surnaturel régit par la loi de Dieu. Et tout homme, pour répondre à sa vocation qui est l'union définitive à Dieu, doit se soumettre à la volonté divine, doit se tourner vers le Bien.



17 Mais c'est toujours librement que l'homme se tourne vers le bien. Cette liberté, nos contemporains l'estiment grandement et ils la poursuivent avec ardeur. Et ils ont raison. Souvent cependant ils la chérissent d'une manière qui n'est pas droite, comme la licence de faire n'importe quoi, pourvu que cela plaise, même le mal. Mais la vraie liberté est en l'homme un signe privilégié de l'image divine. Car Dieu a voulu le laisser à son propre conseil(Cf. Si 15,14) pour qu'il puisse de lui-même chercher son Créateur et, en adhérant librement à lui, s'achever ainsi dans une bienheureuse plénitude. La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure. L'homme parvient à cette dignité lorsque, se délivrant de toute servitude des passions, par le choix libre du bien, il marche vers sa destinée et prend soin de s'en procurer réellement les moyens par son ingéniosité. Ce n'est toutefois que par le secours de la grâce divine que la liberté humaine, blessées par le péché, peut s'ordonner à Dieu d'une manière effective et intégrale. Et chacun devra rendre compote de sa propre vie devant le tribunal de Dieu, selon le bien ou le mal accomplis (Cf. 2Co 5,10).


(1965 Gaudium et Spes 17)



La Liberté moderne


Le modernisme a fait apparaître de nombreuses erreurs au sujet de la Liberté. Sans chercher à les rescencer toutes, nous pouvons citer certaines déclarations des Papes. Ainsi Léon XIII dans la lettre encyclique IMMORTALE DEI revient à plusieurs reprises sur la question de la Liberté:
C'est à cette source qu'il faut faire remonter ces principes modernes de liberté effrénée rêvés et promulgués parmi les grandes perturbations du siècle dernier, comme les principes et les fondements d'un droit nouveau, inconnu jusqu'alors, et sur plus d'un point en désaccord, non seulement avec le droit chrétien, mais avec le droit naturel. Voici le premier de tous ces principes: tous les hommes, dès lors qu'ils sont de même race et de même nature, sont semblables, et, par le fait, égaux entre eux dans la pratique de la vie; chacun relève si bien de lui seul, qu'il n'est d'aucune façon soumis à l'autorité d'autrui: il peut en toute liberté penser sur toute chose ce qu'il veut, faire ce qu'il lui plaît; personne n'a le droit de commander aux autres. Dans une société fondée sur ces principes, l'autorité publique n'est que la volonté du peuple, lequel, ne dépendant que de lui-même, est aussi le seul à se commander. Il choisit ses mandataires, mais de telle sorte qu'il leur délègue moins le droit que la fonction du pouvoir pour l'exercer en son nom. La souveraineté de Dieu est passée sous silence, exactement comme si Dieu n'existait pas, ou ne s'occupait en rien de la société du genre humain; ou bien comme si les hommes, soit en particulier, soit en société, ne devaient rien à Dieu, ou qu'on pût imaginer une puissance quelconque dont la cause, la force, l'autorité ne résidât pas tout entière en Dieu même. De cette sorte, on le voit, l'Etat n'est autre chose que la multitude maîtresse et se gouvernant elle-même; et dès lors que le peuple est censé la source de tout droit et de tout pouvoir, il s'ensuit que l'Etat ne se croit lié à aucune obligation envers Dieu, ne professe officiellement aucune religion, n'est pas tenu de rechercher quelle est la seule vraie entre toutes, ni d'en préférer une aux autres, ni d'en favoriser une principalement; mais qu'il doit leur attribuer à toutes l'égalité en droit, à cette fin seulement de les empêcher de troubler l'ordre public. Par conséquent, chacun sera libre de se faire juge de toute question religieuse, chacun sera libre d'embrasser la religion qu'il préfère, ou de n'en suivre aucune si aucune ne lui agrée. De là découlent nécessairement la liberté sans frein de toute conscience, la liberté absolue d'adorer ou de ne pas adorer Dieu, la licence sans bornes et de penser et de publier ses pensées.
De même, la liberté de penser et de publier ses pensées, soustraite à toute règle, n'est pas de soi un bien dont la société ait à se féliciter; mais c'est plutôt la source et l'origine de beaucoup de maux. La liberté, cet élément de perfection pour l'homme, doit s'appliquer à ce qui est vrai et à ce qui est bon. Or, l'essence du bien et de la vérité ne peut changer au gré de l'homme, mais elle demeure toujours la même, et non moins que la nature des choses elle est immuable Si l'intelligence adhère à des opinions fausses, si la volonté choisit le mal et s'y attache, ni l'une ni l'autre n'atteint sa perfection, toutes deux déchoient de leur dignité native et se corrompent. Il n'est donc pas permis de mettre au jour et d'exposer aux yeux des hommes ce qui est contraire à la vertu et à la vérité, et bien moins encore de placer cette licence sous la tutelle et la protection des lois. Il n'y a qu'une voie pour arriver au ciel, vers lequel nous tendons tous: c'est une bonne vie. L'Etat s'écarte donc des règles et des prescriptions de la nature, s'il favorise à ce point la licence des opinions et des actions coupables, que l'on puisse impunément détourner les esprits de la vérité et les âmes de la vertu.
Par la même raison, l'Eglise ne peut approuver une liberté qui engendre le dégoût des plus sainte lois de Dieu et secoue l'obéissance qui est due à l'autorité légitime. C'est là plutôt une licence qu'une liberté, et saint Augustin l'appelle très justement une liberté de perdition (Epist. CV., ad Donatistas, cap II, n. 9), et l'apôtre saint Pierre un voile de méchanceté (1 P2, 16)

Bien plus, cette prétendue liberté, étant opposée à la raison, est une véritable servitude. Celui qui commet le péché est l'esclave du péché (Jn 8, 34). Celle-là, au contraire, est la liberté vraie et désirable qui, dans l'ordre individuel, ne laisse l'homme esclave ni des erreurs, ni des passions qui sont ses pires tyrans; et dans l'ordre public trace de sages règles aux citoyens, facilite largement l'accroissement du bien-être et préserve de l'arbitraire d'autrui la chose publique. Cette liberté honnête et digne de l'homme, l'Eglise l'approuve au plus haut point, et, pour en garantir aux peuples la ferme et intégrale jouissance, elle n'a jamais cessé de lutter et de combattre.



Pie XII à lui aussi condamné des erreurs au sujet de la liberté; ci-dessous à propos de la liberté de diffusion et d'expression dans la lettre encyclique Miranda Prorsus:
Le mal moral, certes, ne peut provenir de Dieu, perfection absolue, ni des techniques elles-mêmes qui sont ses dons précieux, mais seulement de l'abus qu'en fait l'homme, doué de liberté, en perpétrant et en diffusant le mal, et en s'associant ainsi avec le prince des ténèbres et l'ennemi de Dieu: "C'est l'ennemi qui a fait cela".19 Aussi la vraie liberté consiste-t-elle dans l'usage et la diffusion des valeurs qui contribuent à la vertu et au perfectionnement de notre nature.
On ne peut non plus accepter la théorie de ceux qui, malgré les ruines morales et matérielle évidentes causées dans le passé par de semblables doctrines, défendent la "liberté d'expression" non pas dans le sens véritable que Nous avons indiqué ci-dessus, mais comme la liberté de diffuser sans aucun contrôle tout ce que l'on veut, fût-ce immoral et dangereux pour les âmes.














DH 2:
Le Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu'en matière religieuse nul ne soit forcé d'agir contre sa conscience ni empêché d'agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d'autres. Il déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'ont fait connaître la parole de Dieu et la raison elle-même (2). Ce droit de la personne humaine à la liberté religieuse dans l'ordre juridique de la société doit être reconnu de telle manière qu'il constitue un droit civil.

En vertu de leur dignité, tous les hommes, parce qu'ils sont des personnes, c'est-à-dire doués de raison et de volonté libre, et, par suite, pourvus d'une responsabilité personnelle, sont pressés, par leur nature même, et tenus, par obligation morale, à chercher la vérité, celle tout d'abord qui concerne la religion. Ils sont tenus aussi à adhérer à la vérité dès qu'ils la connaissent et à régler route leur vie selon les exigences de cette vérité. Or, à cette obligation, les hommes ne peuvent satisfaire, d'une manière conforme à leur propre nature, que s'ils jouissent, outre de la liberté psychologique, de l'immunité à l'égard de toute contrainte extérieure. Ce n'est donc pas sur une disposition subjective de la personne, mais sur sa nature même, qu'est fondé le droit à la liberté religieuse. C'est pourquoi le droit à cette immunité persiste en ceux-là même qui ne satisfont pas à l'obligation de chercher la vérité et d'y adhérer ; son exercice ne peut être entravé, dès lors que demeure sauf un ordre public juste.

(2) cf. Jean XXIII, Pacem in terris, pp.260-261. Pie XII, nuntius radioph. p.19. Pie XI, encyc. Mit brennender Sorge, 14/5/37: AAS 29 (1937), p.160. Léon XIII, encyc. Libertas praestantissimum, 20/6/1888: Act Léon XIII 8,1888, pp. 237- 238.

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DH 7:
C'est dans la société humaine que s'exerce le droit à la liberté en matière religieuse, aussi son usage est-il soumis à certaines règles qui le tempèrent.

Dans l'usage de toute liberté doit être observé le principe moral de la responsabilité personnelle et sociale : la loi morale oblige tout homme et groupe social à tenir compte, dans l'exercice de leurs droits, des droits d'autrui, de leurs devoirs envers les autres et du bien commun de tous. A l'égard de tous il faut agir avec justice et humanité.

En outre, comme la société civile a le droit de se protéger contre les abus qui pourraient naître sous prétexte de liberté religieuse, c'est surtout au pouvoir civil qu'il revient d'assurer cette protection ; ce qui ne doit pas se faire arbitrairement et en favorisant injustement une des parties, mais selon les règles juridiques, conformes à l'ordre moral objectif, qui sont requises par l'efficace sauvegarde des droits de tous les citoyens et l'harmonisation pacifique de ces droits, et par un souci adéquat de cette authentique paix publique qui consiste dans une vie vécue en commun sur la base d'une vraie justice, ainsi que par la protection due à la moralité publique. Tout cela constitue une part fondamentale du bien commun et entre dans la définition de l'ordre public. Au demeurant, il faut observer la règle générale de la pleine liberté dans la société, selon laquelle on doit reconnaître à l'homme le maximum de liberté et ne restreindre celle-ci que lorsque c'est nécessaire et dans la mesure où c'est nécessaire.

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Ga 5,1: C'est pour que nous restions libres que le Christ nous a libérés. Donc tenez bon et ne vous remettez pas sous le joug de l'esclavage.retour

Jn 8,32: et vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera.retour

2Co 3,17: Car le Seigneur, c'est l'Esprit, et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté.retour

Rm 8,21: d'être elle aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu.retour

Rm 6,17: Mais grâces soient rendues à Dieu; jadis esclaves du péché, vous vous êtes soumis cordialement à la règle de doctrine à laquelle vous avez été confiés.retour

Gn 2,17:
17 Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort."retour

Luc 2, 51-52:
Et il descendit avec eux, et il vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses en son coeur.

Et Jésus progressait en sagesse, en taille et en grâce, auprès de Dieu et des hommes.

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Si 15,14:
C'est lui qui au commencement a fait l'homme et il l'a laissé à son conseil.retour

2Co 5,10:
Car il faut que tous nous soyons mis à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun recouvre ce qu'il aura fait pendant qu'il était dans son corps, soit en bien, soit en mal.retour











Prochain épisode: résumé de Libertas Praestantissimum...
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Bessou
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Lettre Encyclique Libertas Praestantissimum






Libertas Praestantissimum est une lettre encyclique de Sa Sainteté le Pape Léon XIII sur la liberté humaine datée du 20 juin 1888. En voici un résumé, ou plutôt une lecture linéaire, abondante en citations (en vert ci-dessous).

Résumer une telle encyclique n'est pas aisé. Mais l'essentiel se retrouve dans ce sermon de Benoît XVI sur lequel je suis tombé fortuitement:




Marie désire que Dieu soit grand dans le monde, soit grand dans sa vie, soit présent parmi nous tous. Elle n’a pas peur que Dieu puisse être un "concurrent" dans notre vie, qu’Il puisse ôter quelque chose de notre liberté, de notre espace vital, par sa grandeur. Elle sait que si Dieu est grand, nous aussi, nous sommes grands. Notre vie n’est pas opprimée, mais est élevée et élargie : et ce n’est qu’alors qu’elle devient grande dans la splendeur de Dieu.


Le fait que nos ancêtres pensaient le contraire, constitua le noyau du péché originel. Ils craignaient que si Dieu avait été trop grand, Il aurait ôté quelque chose à leur vie. Ils pensaient devoir mettre Dieu de côté pour avoir de la place pour eux-mêmes. Telle a été également la grande tentation de l’époque moderne, des trois ou quatre derniers siècles. On a toujours plus pensé et dit : "Mais ce Dieu ne nous laisse pas notre liberté, il rend étroit l’espace de notre vie avec tous ses commandement. Dieu doit donc disparaître ; nous voulons être autonomes, indépendants. Sans ce Dieu, nous serons nous-même des dieux, et nous ferons ce que nous voulons." Telle était également la pensée du fils prodigue, qui ne compris pas que, précisément en vertu du fait d’être dans la maison du père, il était "libre". Il partit dans des pays lointains et consuma la substance de sa vie. A la fin, il comprit que, précisément parce qu’il s’était éloigné du père, au lieu d’être libre, il était devenu esclave ; il comprit que ce n’est qu’en retournant à la maison du Père qu’il pouvait être véritablement libre, dans toute la splendeur de la vie. Il en est de même à l’époque moderne. Avant, on pensait et on croyait que, ayant mis Dieu et étant autonomes, en suivant uniquement nos idées, notre volonté, nous serions devenus réellement libres, nous aurions pu faire ce que nous voulions sans que personne ne nous donne aucun ordre. Mais là où Dieu disparaît, l’homme ne devient pas plus grand ; il perd au contraire sa dignité divine, il perd la splendeur de Dieu sur son visage. A la fin, il n’apparaît plus que le produit d’une évolution aveugle, et, en tant que tel, il peut être usé et abusé. C’est précisément ce que l’expérience de notre époque a confirmé.


Ce n’est que si Dieu est grand que l’homme est également grand. Avec Marie, nous devons commencer à comprendre cela. Nous ne devons pas nous éloigner de Dieu, mais rendre Dieu présent ; faire en sorte qu’Il soit grand dans notre vie ; ainsi, nous aussi, nous devenons divins ; toute la splendeur de la dignité divine nous appartient alors. Appliquons cela à notre vie. Il est important que Dieu soit grand parmi nous, dans la vie publique et dans la vie privée. Dans la vie publique, il est important que Dieu soit présent, par exemple, à travers la Croix, dans les édifices publics, que Dieu soit présent dans notre vie commune, car ce n’est que si Dieu est présent que nous pouvons suivre une orientation, une route commune ; autrement, les différences deviennent inconciliables, car il n’existe pas de reconnaissance de notre dignité commune. Rendons Dieu grand dans la vie publique et dans la vie privée. Cela veut dire laisser chaque jour un espace à Dieu dans notre vie, en commençant le matin par la prière, puis en réservant du temps à Dieu, en consacrant le dimanche à Dieu. Nous ne perdons pas de temps libre si nous l’offrons à Dieu. Si Dieu entre dans notre temps, tout notre temps devient plus grand, plus ample, plus riche.



Extrait du Sermon de Sa Sainteté Benoît XVI pour la Solennité de l’Assomption de la Très Sainte Vierge Marie. (15 août 2005)






Tout le reste découle de cette vérité essentielle que notre liberté se trouve en Dieu:



La liberté, [...] apanage exclusif des êtres doués d'intelligence ou de raison, confère à l'homme une dignité en vertu de laquelle il est mis entre les mains de son conseil et devient le maître de ses actes.
Ce qui, néanmoins, est surtout important dans cette prérogative, c'est la manière dont on l'exerce, car de l'usage de la liberté naissent les plus grands maux comme les plus grands biens.

Le Saint Père renvoit, au sujet des libertés modernes, à ses précédents écrits notamment l'encyclique Immortale Dei. Néanmoins face à l'obstination de certain il estime nécessaire pour l'intérêt public, en face duquel Nous Nous mettons, de traiter à part cette question [de la liberté]..




Liberté Naturelle


La liberté naturelle [...] est la source et le principe d'où toute espèce de liberté découle d'elle-même et comme naturellement.
Cette liberté, le jugement et le sens commun de tous les hommes, qui certainement est pour nous la voix de la nature, ne la reconnaissent qu'aux êtres qui ont l'usage de l'intelligence ou de la raison, et c'est en elle que consiste manifestement la cause qui nous fait considérer l'homme comme responsable de ses actes.

Cette liberté, à en examiner la nature, n'est pas autre chose que la faculté de choisir entre les moyens qui conduisent à un but déterminé; en ce sens que celui qui a la faculté de choisir une chose entre plusieurs autres, celui-là est maître de ses actes.


Le Pape montre ensuite que le libre arbitre est le propre de la volonté. Or la volonté n'existe pas sans la connaissance: on ne peut pas désirer un bien qui ne serait pas considéré comme tel par la raison. Etant donc admis que la liberté réside dans la volonté, [...], il s'ensuit qu'elle-même, comme la volonté, a pour objet un bien conforme à la raison.

La liberté a pour objet un bien conforme à la raison. Voilà déjà une rude affirmation contre les idéologies libertaires...
Néanmoins la raison peut se tromper et il arrive souvent que l'intelligence propose à la volonté un objet qui, au lieu d'une bonté réelle, n'en a que l'apparence, une ombre de bien, et que la volonté pourtant s'y applique.. Il faut ici retenir que la possibilité de faillir au bien n'est pas une perfection:
Mais, de même que pouvoir se tromper et se tromper réellement est un défaut qui accuse l'absence de la perfection intégrale dans l'intelligence, ainsi s'attacher à un bien faux et trompeur, tout en étant l'indice du libre arbitre, comme la maladie l'est de la vie, constitue néanmoins un défaut de la liberté. Pareillement la volonté, par le seul fait qu'elle dépend de la raison, tombe dans un vice radical qui n'est que la corruption et l'abus de la liberté.


La faculté de péché est une servitude


autant ici citer entièrement le paragraphe de l'encyclique qui fait directement suite à la citation qui précède:

Voilà pourquoi Dieu, la perfection infinie, qui, étant souverainement intelligent et la bonté par essence, est aussi souverainement libre, ne peut pourtant en aucune façon vouloir le mal moral; et il en est de même pour les bienheureux du ciel, grâce à l'intuition qu'ils ont du souverain bien. C'est la remarque pleine de justesse que saint Augustin et d'autres faisaient contre les Pélagiens. Si la possibilité de faillir au bien était de l'essence et de la perfection de la liberté, dès lors, Dieu, Jésus-Christ, les anges, les bienheureux, chez qui ce pouvoir n'existe pas, ou ne seraient pas libres, ou du moins ne le seraient pas aussi parfaitement que l'homme dans son état d'épreuve et d'imperfection. Le Docteur angélique s'est occupé souvent et longuement de cette question; et de sa doctrine il résulte que la faculté de pécher n'est pas une liberté, mais une servitude. Très subtile est son argumentation sur ces mots du Sauveur Jésus: Celui qui commet le péché est l'esclave du péché. (Joan., VIII, 34) " Tout être est ce qui lui convient d'être selon sa nature. Donc, quand il se meut par un agent extérieur, il n'agit point par lui-même, mais par l'impulsion d'autrui, ce qui est d'un esclave. Or, selon sa nature, l'homme est raisonnable. Donc, quand il se meut selon la raison, c'est par un mouvement qui lui est propre qu'il se meut, et il agit par lui-même, ce qui est le fait de la liberté; mais, quand il pèche, il agit contre la raison, et alors c'est comme s'il était mis en mouvement par un autre et qu'il fût retenu sous une domination étrangère: c'est pour cela que celui qui commet le péché est esclave du péché ". C'est ce qu'avait vu assez nettement la philosophie antique, celle notamment dont la doctrine était que nul n'est libre que le sage, et qui réservait, comme on sait, le nom de sage à celui qui s'était formé à vivre constamment selon la nature, c'est-à-dire dans l'honnêteté et la vertu.


La liberté suppose une loi


L'homme étant faible il lui faut pour protéger sa liberté des aides et des secours capables de diriger tous ses mouvements vers le bien et de les détourner du mal.
les êtres qui jouissent de la liberté ont par eux-mêmes le pouvoir d'agir, d'agir de telle façon ou de telle autre, attendu que l'objet de leur volonté, ils ne le choisissent que lorsqu'est intervenu ce jugement de la raison dont Nous avons parlé. Ce jugement nous dit, non seulement ce qui est bien en soi ou ce qui est mal, mais aussi ce qui est bon et, par conséquent, à réaliser, ou ce qui est mal et, par conséquent, à éviter. C'est, en effet, la raison qui prescrit à la volonté ce qu'elle doit chercher ou ce qu'elle doit fuir, pour que l'homme puisse un jour atteindre cette fin suprême en vue de laquelle il doit accomplir tous ses actes. Or, cette ordination de la raison, voilà ce qu'on appelle la loi.

Il faut refuser l'assertion suivante: L'homme, étant libre par nature, doit être exempté de toute loi
car, s'il en était ainsi, il s'en suivrait qu'il est nécessaire pour la liberté de ne pas s'accorder avec la raison, quand c'est tout le contraire qui est vrai, à savoir, que l'homme doit être soumis à la loi, précisément parce qu'il est libre par nature. Ainsi donc, c'est la loi qui guide l'homme dans ses actions et c'est elle aussi qui, par la sanction des récompenses et des peines, l'attire à bien faire et le détourne du péché.


La Loi Naturelle


Cette loi indispensable à la liberté est l'expression de la raison éternelle du Créateur.
la loi naturelle n'est autre chose que la loi éternelle, gravée chez les êtres doués de raison et les inclinant vers l'acte et la fin qui leur conviennent, et celle-ci n'est elle-même que la raison éternelle du Dieu créateur et modérateur du monde.

A cette loi qui forme comme une barrière à la limite du Bien et du Mal, Dieu ajoute sa grâce qui, en éclairant l'intelligence et en inclinant sans cesse vers le bien moral la volonté salutairement raffermie et fortifiée, rend plus facile à la fois et plus sûr l'exercice de notre liberté naturelle. Mais ce secours de la grâce divine ne va pas à l'encontre de notre propre liberté. Bien au contraire, comme le remarque Saint Thomas d'Aquin: La grâce divine par là même qu'elle émane de l'auteur de la nature, est merveilleusement et naturellement apte à conserver toutes les natures individuelles et à garder à chacune son caractère, son action et son énergie.


Les lois humaines et le droit naturel


Ce qui précède au sujet de la liberté des individus est appliquable aux hommes unit entre eux par la société civile.

parmi les lois humaines, il en est qui ont pour objet ce qui est bon ou mauvais naturellement, ajoutant à la prescription de pratiquer l'un et d'éviter l'autre une sanction convenable. De tels commandements ne tirent aucunement leur origine de la société des hommes; car, de même que ce n'est pas la société qui a créé la nature humaine, ce n'est pas elle qui fait que le bien soit en harmonie et le mal en désaccord avec cette nature; mais tout cela est antérieur à la société humaine elle-même et doit absolument être rattaché à la loi naturelle, et partant à la loi éternelle. Comme on le voit, les préceptes de droit naturel compris dans les lois des hommes n'ont pas seulement la valeur de la loi humaine, mais ils supposent avant tout cette autorité bien plus élevée et bien plus auguste qui découle de la loi naturelle elle-même et de la loi éternelle. Dans ce genre de lois, l'office du législateur civil se borne à obtenir, au moyen d'une discipline commune, l'obéissance des citoyens, en punissant les méchants et les vicieux, dans le but de les détourner du mal et de les ramener au bien, ou du moins de les empêcher de blesser la société et de lui être nuisibles.

Quant aux autres prescriptions de la puissance civile, elles ne procèdent pas immédiatement et de plain-pied du droit naturel; elles en sont des conséquences plus éloignées et indirectes et ont pour but de préciser les points divers sur lesquels la nature ne s'était prononcée que d'une manière vague et générale.




la liberté digne de ce nom ne consiste pas à faire tout ce qui nous plaît: ce serait dans l'Etat une confusion extrême, un trouble qui aboutirait à l'oppression; la liberté consiste en ce que, par le secours des lois civiles, nous puissions plus aisément vivre selon les prescriptions de la loi éternelle. Et pour ceux qui gouvernent, la liberté n'est pas le pouvoir de commander au hasard et suivant leur bon plaisir: ce serait un désordre non moins grave et souverainement pernicieux pour l'Etat; mais la force des lois humaines consiste en ce qu'on les regarde comme une dérivation de la loi éternelle et qu'il n'est aucune de leurs prescriptions qui n'y soit contenue, comme dans le principe de tout droit. (cf Saint Augustin)


Dieu, but de la liberté humaine



Par sa nature donc et sous quelque aspect qu'on la considère, soit dans les individus, soit dans les sociétés, et chez les supérieurs non moins que chez les subordonnés, la liberté humaine suppose la nécessité d'obéir à une règle suprême et éternelle; et cette règle n'est autre que l'autorité de Dieu nous imposant ses commandements ou ses défenses; autorité souverainement juste, qui, loin de détruire ou de diminuer en aucune sorte la liberté des hommes, ne fait que la protéger et l'amener à sa perfection, car la vraie perfection de tout être, c'est de poursuivre et d'atteindre sa fin: or, la fin suprême vers laquelle doit aspirer la liberté humaine, c'est Dieu.


Pouvoir légitime et illégitime


Le pouvoir légitime vient de Dieu, et celui qui résiste au pouvoir, résiste à l'ordre établi de Dieu; c'est ainsi que l'obéissance acquiert une merveilleuse noblesse, puisqu'elle ne s'incline que devant la plus juste et la plus haute des autorités.

Mais, dès que le droit de commander fait défaut, ou que le commandement est contraire à la raison, à la loi éternelle, à l'autorité de Dieu, alors il est légitime de désobéir, nous voulons dire aux hommes, afin d'obéir à Dieu. Ainsi, les voies à la tyrannie se trouvant fermées, le pouvoir ne rapportera pas tout à soi; ainsi sont sauvegardés les droits de chaque citoyen, ceux de la société domestique, ceux de tous les membres de la nation; et tous enfin participent à la vraie liberté, celle qui consiste, comme nous l'avons démontré, en ce que chacun puisse vivre selon les lois et selon la droite raison.



Le Libéralisme


La liberté des libéraux n'est qu'une pure et absurde licence affirme Léon XIII. Le libéralisme est l'application dans l'ordre civil et moral du Naturalisme et du Rationalisme. Ce dernier trouve son principe dans: la domination souveraine de la raison humaine, qui , refusant l'obéissance due à la raison divine et éternelle, et prétendant ne relever que d'elle-même, ne se reconnaît qu'elle seule pour principe suprême, source et juge de la vérité.

Telle est la prétention des sectateurs du Libéralisme dont Nous avons parlé; selon eux, il n'y a dans la pratique de la vie aucune puissance divine à laquelle on soit tenu d'obéir, mais chacun est à soi-même sa propre loi. De là, procède cette morale que l'on appelle indépendante et qui, sous l'apparence de la liberté, détournant la volonté de l'observation des divins préceptes, conduit l'homme à une licence illimitée.


Si chacun est à soi-même sa propre loi, alors personne n'a d'autorité sur l'homme et, par conséquent, la cause efficiente de la communauté civile et de la société doit être cherchée, non pas dans un principe extérieur ou supérieur à l'homme, mais dans la libre volonté de chacun.


Ceci répugne absolument à la nature:
En effet, vouloir qu'il n'y ait aucun lien entre l'homme ou la société civile et Dieu créateur et, par conséquent, suprême législateur de toutes choses, répugne absolument à la nature, et non seulement à la nature de l'homme, mais à celle de tout être créé; car tout effet est nécessairement uni par quelque lien à la cause d'où il procède; et il convient à toute nature, et il appartient à la perfection de chacune, qu'elle reste au lieu et au rang que lui assigne l'ordre naturel, c'est-à-dire que l'être inférieur se soumette et obéisse à celui qui lui est supérieur.


En outre, le libéralisme va de paire avec le subjectivisme puisque le jugement du bien et du mal ne dépend que de la seule et unique raison humaine. Finalement ce qui plaît sera permis; c'est dire combien cette doctrine morale entraîne la ruine de l'autorité et prépare la voie à la domination tyrannique.


Devant cette dérive dans laquelle, inévitablement, conduit le libéralisme certains libéraux reconnaissent la soumission de la liberté au droit naturel:
ils professent même spontanément, qu'en s'abandonnant à de tels excès, au mépris de la vérité et de la justice, la liberté se vicie et dégénère ouvertement en licence; il faut donc qu'elle soit dirigée, gouvernée par la droite raison, et, ce qui est la conséquence, qu'elle soit soumise au droit naturel et à la loi divine et éternelle.

C'est libéraux là se contredisent alors en refusant d'admettre que l'homme libre doive se soumettre aux lois qu'il plairait à Dieu de nous inspirer par une autre voie que la raison naturelle:
s'il faut obéir à la volonté de Dieu législateur, puisque l'homme tout entier dépend de Dieu et doit tendre vers Dieu, il en résulte que nul ne peut mettre des bornes ou des conditions à son autorité législative, sans se mettre en opposition avec l'obéissance due à Dieu. Bien plus: si la raison humaine s'arroge assez de prétention pour vouloir déterminer quels sont les droits de Dieu et ses devoirs à elle, le respect des lois divines aura chez elle plus d'apparence que de réalité, et son jugement vaudra plus que l'autorité et la Providence divine.

C'est pourquoi il est nécessaire que la règle de notre vie soit religieusement soumise à Dieu.



D'autres libéraux affirment que les lois divines doivent régler la vie et la conduite des particuliers, mais non celle des Etats.
Cette opinion est absurde puisque si les particuliers doivent régler leur vie sur la loi divine, la société doit donner aux citoyens les moyens et les facilités de passer leur vie selon l'honnêteté, c'est-à-dire selon les lois de Dieu.


Le rôle de l'Etat est de procurer à ces citoyens les biens du dehors, mais aussi et surtout les biens de l'âme.
Or, pour accroître ces biens, on ne saurait rien imaginer de plus efficace que ces lois dont Dieu est l'auteur; et c'est pour cela que ceux qui veulent, dans le gouvernement des Etats, ne tenir aucun compte des lois divines, détournent vraiment la puissance politique de son institution et de l'ordre prescrit par la nature.

Il est important de remarqué que le pouvoir civil et le pouvoir sacré, bien que n'ayant pas le même but et ne marchant pas par les mêmes chemins, sont forcés de travailler ensemble puisqu'ils exercent plus d'une fois leur autorité sur les mêmes objets.




Les libertés modernes



Après avoir abordé la question du libéralisme, Léon XIII décrit successivement les différentes libertés modernes, c'est-à-dire les libertés que l'on donne comme des conquêtes de notre époque.


La première liberté examinée par le Saint Père est la liberté des cultes, liberté qui repose sur ce principe qu'il est loisible à chacun de professer telle religion qu'il lui plaît, ou même de n'en professer aucune. Cette affirmation dénature le plus grand et le plus saint devoir de l'homme, celui qui ordonne à l'homme de rendre à Dieu un culte de piété et de religion, conséquence de la dépendance de l'homme vis-à-vis de Dieu.
offrir à l'homme la liberté dont Nous parlons, c'est lui donner le pouvoir de dénaturer impunément le plus saint des devoirs, de le déserter, abandonnant le bien immuable pour se tourner vers le mal: ce qui, nous l'avons dit, n'est plus la liberté, mais une dépravation de la liberté et une servitude de l'âme sans l'abjection du péché.

Il en est de même d'un point de vue social, l'Etat ne peut être athée:
Envisagée au point de vue social, cette même liberté veut que l'Etat ne rende aucun culte à Dieu, ou n'autorise aucun culte public; que nulle religion ne soit préférée à l'autre, que toutes soient considérées comme ayant les mêmes droits, sans même avoir égard au peuple, lors même que ce peuple fait profession de catholicisme. Mais pour qu'il en fût ainsi, il faudrait que vraiment la communauté civile n'eût aucun devoir envers Dieu, ou qu'en ayant, elle pût impunément s'en affranchir; ce qui est également et manifestement faux. [...] C'est Dieu qui a fait l'homme pour la société et qui l'a uni à ses semblables, afin que les besoins de sa nature, auxquels ses efforts solitaires ne pourraient donner satisfaction, pussent la trouver dans l'association. C'est pourquoi la société civile, en tant que société, doit nécessairement reconnaître Dieu comme son principe et son auteur et, par conséquent, rendre à sa puissance et à son autorité l'hommage de son culte. Non, de par la justice; non, de par la raison, l'Etat ne peut être athée, ou, ce qui reviendrait à l'athéisme, être animé à l'égard de toutes les religions, comme on dit, des mêmes dispositions, et leur accorder indistinctement les mêmes droits.

Par conséquent: Puisqu'il est donc nécessaire de professer une religion dans la société, il faut professer celle qui est la seule vraie et que l'on reconnaît sans peine, au moins dans les pays catholiques, aux signes de vérité dont elle porte en elle l'éclatant caractère. Cette religion, les chefs de l'Etat doivent donc la conserver et la protéger, s'ils veulent, comme ils en ont l'obligation, pourvoir prudemment et utilement aux intérêts de la communauté.


Le Pape aborde ensuite la question de la liberté de Parole et de Presse.

Cette liberté d'exprimer par la parole ou par la presse tout ce que l'on veut doit être justement tempérée. Cette liberté n'est pas un droit car elle ne peut pas appartenir indistinctement à la vérité et au mensonge, au bien et au mal.

Le vrai est le bien peuvent se propager dans l'Etat avec une liberté prudente, mais les doctrines mensongères, les vices sont à réprimer avec sollicitude.
En revanche, lorsqu'il s'agit de matières libres que Dieu a laissées aux disputes des hommes, à chacun il est permis de se former une opinion et de l'exprimer librement; la nature n'y met point d'obstacle; car une telle liberté n'a jamais conduit les hommes à opprimer la vérité, mais elle leur donne souvent une occasion de la rechercher et de la faire connaître.


La Liberté d'enseignement doit être jugé de la même manière. Le devoir de ceux qui enseignent est d'extirper l'erreur des esprits et d'exposer des protections sûres à l'envahissement des fausses opinions. On ne peut donc pas, et se serait contraire à la raison, tout enseigner à sa guise.
Il n'y a que la vérité [...] qui doit entrer dans les âmes, puisque c'est en elle que les natures intelligentes trouvent leur bien, leur fin, leur perfection; c'est pourquoi l'enseignement ne doit avoir pour objet que des choses vraies, et cela qu'il s'adresse aux ignorants ou aux savants, afin qu'il apporte aux uns la connaissance du vrai, que dans les autres, il l'affermisse.

Il en est ainsi aussi bien que pour les vérités naturelles que pour les vérités surnaturelles entre lesquelles il ne peut y avoir de réelle opposition.

L'Eglise possède un droit inviolable à la liberté d'enseigner:
[...] pour la foi et la règle des moeurs, Dieu a fait participer l'Eglise à son divin magistère et lui a accordé le divin privilège de ne point connaître l'erreur. C'est pourquoi elle est la grande, la sûre maîtresse des hommes et porte en elle un inviolable droit à la liberté d'enseigner.



Léon XIII parle ensuite de la liberté de conscience:

Que si l'on entend par là que chacun peut indifféremment, à Son gré, rendre ou ne pas rendre un culte à Dieu, les arguments qui ont été donnés plus haut suffisent à le réfuter. Mais on peut l'entendre aussi en ce sens que l'homme a dans l'Etat le droit de suivre, d'après la conscience de son devoir, la volonté de Dieu, et d'accomplir ses préceptes sans que rien puisse l'en empêcher. Cette liberté, la vraie liberté, la liberté digne des enfants de Dieu, qui protège si glorieusement la dignité de la personne humaine, est au-dessus de toute violence et de toute oppression, elle a toujours été l'objet des voeux de l'Eglise et de sa particulière affection. C'est cette liberté que les apôtres ont revendiquée avec tant de constance, que les apologistes ont défendue dans leurs écrits, qu'une foule innombrable de martyrs ont consacrée de leur sang. Et ils ont eu raison, car la grande et très juste puissance de Dieu sur les hommes et, d'autre part, le grand et le suprême devoir des hommes envers Dieu trouvent l'un et l'autre dans cette liberté chrétienne un éclatant témoignage.

Le Pape précise: ordonner et exiger l'obéissance aux commandements n'est un droit de la puissance humaine qu'autant qu'elle n'est pas en désaccord avec la puissance divine et qu'elle se renferme dans les limites que Dieu lui a marquées. Or, quand elle donne un ordre qui est ouvertement en désaccord avec la volonté divine, elle s'écarte alors loin de ces limites et se met du même coup en conflit avec l'autorité divine: il est donc juste alors de ne pas obéir.



La Tolérance


Le plus vif désir de l'Eglise serait sans doute de voir pénétrer dans tous les ordres de l'Etat et y recevoir leur application ces principes chrétiens que Nous venons d'exposer sommairement. Car ils possèdent une merveilleuse efficacité pour guérir les maux du temps présent, ces maux dont on ne peut se dissimuler ni le nombre, ni la gravité, et qui sont nés, en grande partie, de ces libertés tant vantées, et où l'on avait cru voir renfermés des germes de salut et de gloire. Cette espérance a été déçue par les faits. Au lieu de fruits doux et salutaires, sont venus des fruits amers et empoisonnés. Si l'on cherche le remède, qu'on le cherche dans le rappel des saines doctrines, desquelles seules on peut attendre avec confiance la conservation de l'ordre et, par là même, la garantie de la vraie liberté.

Néanmoins, dans son appréciation maternelle, l'Eglise tient compte du poids accablant de l'infirmité humaine, et elle n'ignore pas le mouvement qui entraîne à notre époque les esprits et les choses. Pour ces motifs, tout en n'accordant de droits qu'à ce qui est vrai et honnête, elle ne s'oppose pas cependant à la tolérance dont la puissance publique croit pouvoir user à l'égard de certaines choses contraires à la vérité et à la justice, en vue d'un mal plus grand à éviter ou d'un bien plus grand à obtenir ou à conserver.

Ainsi, si, pour la puissance publique, tolérer un mal est licite en vue d'éviter un mal plus grand ou de conserver un bien plus grand, elle ne peut en revanche jamais l'approuver: étant de soi la privation du bien, le mal est opposé au bien commun que le législateur doit vouloir et doit défendre du mieux qu'il peut. Et en cela aussi la loi humaine doit se proposer d'imiter Dieu, qui, en laissant le mal exister dans le monde, "ne veut ni que le mal arrive, ni que le mal n'arrive pas, mais veut permettre que le mal arrive. Et cela est bon". Cette sentence du Docteur angélique contient, en une brève formule, toute la doctrine sur la tolérance du mal.
La tolérance du mal appartenant aux principes de la prudence politique, doit être rigoureusement circonscrite dans les limites exigées par sa raison d'être, c'est-à-dire par le salut public. C'est pourquoi, si elle est nuisible au salut public, ou qu'elle soit pour l'Etat la cause d'un plus grand mal, la conséquence est qu'il n'est pas permis d'en user, car, dans ces conditions, la raison du bien fait défaut. Mais, si, en vue d'une condition particulière de l'Etat, l'Eglise acquiesce à certaines libertés modernes, non qu'elle les préfère en elles-mêmes, mais parce qu'elle juge expédient de les permettre, et que la situation vienne ensuite à s'améliorer, elle usera évidemment de sa liberté en employant tous les moyens, persuasion, exhortations, prières, pour remplir comme c'est son devoir, la mission qu'elle a reçue de Dieu, à savoir, de procurer aux hommes le salut éternel.



La tolérance n'est pas désirable en elle-même.
Mais une chose demeure toujours vraie, c'est que cette liberté, accordée indifféremment à tous et pour tous, n'est pas, comme nous l'avons souvent répété, désirable par elle-même, puisqu'il répugne à la raison que le faux et le vrai aient les mêmes droits, et, en ce qui touche la tolérance, il est étrange de voir à quel point s'éloignent de l'équité et de la prudence de l'Eglise ceux qui professent le Libéralisme



Conclusion


Le Pape conclut son encyclique sur la liberté humaine en récapitulant son discours, y apportant ainsi sans doute plus de clarté.
Nous disons en résumé que l'homme doit nécessairement rester tout entier dans une dépendance réelle et incessante à l'égard de Dieu, et que, par conséquent, il est absolument impossible de comprendre la liberté de l'homme sans la soumission à Dieu et l'assujettissement à sa volonté. Nier cette souveraineté de Dieu et refuser de s'y soumettre, ce n'est pas la liberté, c'est abus de la liberté et révolte; et c'est précisément d'une telle disposition d'âme que se constitue et que naît le vice capital du Libéralisme.

Mais il existe plusieurs espèces de libéralisme.
La première et la pire consiste à refuser absolument tout obéissance [à Dieu], soit dans la vie publique, soit dans la vie privée et domestique.
La deuxième espèce de libéralisme consiste, tout en reconnaissant la suprématie de Dieu et la dépendance de l'Homme vis-à-vis de l'Auteur et Maître de l'univers, à répudier les règles de foi et de morale qui, dépassant l'ordre de la nature, nous viennent de l'autorité même de Dieu, ou [à prétendre], du moins, qu'il n'y a pas à en tenir compte, surtout dans les affaires publiques de l'Etat.

Cette doctrine entraîne une opinion chez certains qui voudraient entre l'Eglise et l'Etat une séparation radicale et totale.
[...] ils estiment que, dans tout ce qui concerne le gouvernement de la société humaine, dans les institutions, les moeurs, les lois, les fonctions publiques, l'instruction de la jeunesse, on ne doit pas plus faire attention à l'Eglise que si elle n'existait pas; tout au plus laissent-ils aux membres individuels de la société la faculté de vaquer en particulier si cela leur plaît aux devoirs de la religion. Contre eux gardent toute leur force les arguments par lesquels Nous avons réfuté l'opinion de la séparation de l'Eglise et de l'Etat; avec cette aggravation qu'il est complètement absurde que l'Eglise soit, en même temps, respectée du citoyen et méprisée par l'Etat.

D'autres, toujours au nom du Libéralisme, considèrent l'Eglise comme une simple institution de droit commun la privant ainsi de toute autorité législative, judiciaire, coercitive.
Par conséquent, son pouvoir
se borne à diriger par l'exhortation, la persuasion, ceux qui se soumettent à elle de leur plein gré et de leur propre vouloir. C'est ainsi que le caractère de cette divine société est dans cette théorie, complètement dénaturée, que son autorité, son magistère, en un mot, toute son action se trouve diminuée et restreinte, tandis que l'action et l'autorité du pouvoir civil est par eux exagérée jusqu'à vouloir que l'Eglise de Dieu, comme toute autre association libre, soit mise sous la dépendance et la domination de l'Etat. Pour les convaincre d'erreur, les apologistes ont employé de puissants arguments que Nous n'avons pas négligés Nous-mêmes, particulièrement dans notre encyclique Immortale Dei; et il en ressort que, par la volonté de Dieu, l'Eglise possède toutes les qualités et tous les droits qui caractérisent une société légitime supérieure et de tous points parfaite.

Les derniers, tout en n'approuvant pas la séparation de l'Eglise et de l'Etat, estiment qu'il faut amener l'Eglise à céder aux circonstances, obtenir qu'elle se prête et s'accommode à ce que réclame la prudence du jour dans le gouvernement des sociétés. Opinion honnête, si on l'entend d'une certaine manière équitable d'agir, qui soit conforme à la vérité et à la justice, à savoir: que l'Eglise, en vue d'un grand bien à espérer, se montre indulgente et concède aux circonstances de temps ce qu'elle peut concéder sans violer la sainteté de sa mission. Mais il en va tout autrement des pratiques et des doctrines que l'affaissement des moeurs et les erreurs courantes ont introduites contre le droit. Aucune époque ne peut se passer de religion, de vérité, de justice: grandes et saintes choses que Dieu a mises sous la garde de l'Eglise, à qui il serait dès lors étrange de demander la dissimulation à l'égard de ce qui est faux ou injuste, ou la connivence avec ce qui peut nuire à la religion.


Le Saint Père parle ensuite des attitudes à adopter envers les libertés libérales:
[...] il n'est aucunement permis de demander, de défendre ou d'accorder sans discernement la liberté de la pensée, de la presse, de l'enseignement, des religions, comme autant de droits que la nature a conférés à l'homme. Si vraiment la nature les avait conférés, on aurait le droit de se soustraire à la souveraineté de Dieu, et nulle loi ne pourrait modérer la liberté humaine. [...] Car une liberté ne doit être réputée légitime qu'en tant qu'elle accroît notre faculté pour le bien; hors de là, jamais.

Il précise ensuite que toute les formes de gouvernement sont acceptées par l'Eglise dans la mesure où elles sont aptes à procurer le bien des citoyens et sous la condition toutefois qu'on respecte la doctrine catholique sur l'origine et l'exercice du pouvoir public.




S'ensuit la Bénédiction apostolique.








NOTES


Saint Augustin dit avec une grande sagesse (De lib. Arb., 1. I, c. 4, n. 15.): "Je pense que vous voyez bien aussi que, dans cette loi temporelle, il n'y a rien de juste et de légitime que les hommes ne soient allés puiser dans la loi éternelle." Supposons donc une prescription d'un pouvoir quelconque qui serait en désaccord avec les principes de la droite raison et avec les intérêts du bien public; elle n'aurait aucune force de loi, parce que ce ne serait pas une règle de justice et qu'elle écarterait les hommes du bien pour lequel la société a été formée.
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