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Auteur | L'objectivité de la presse... hum !! |
Boxer Membre banni
Nous a rejoints le : 24 Mai 2007 Messages : 1 494 Réside à : Marseille, maintenant IDF |
Informations puisées à bonne source, mon frère ayant été "du sérail" plusieurs années ; vous voudrez bien excuser la crudité de certains propos, mais c'est bien ainsi que ça se passe :
Un JT se prépare au cours de 2 conférences quotidiennes, où se retrouvent entre 7 et 10 personnes :le rédacteur en chef, ses collaborateurs, des chefs de départements (étranger, etc..) et bien sûr le présentateur, qui a un poids énorme sur les décisions, et d'autant plus énorme si sa personnalité est forte ; ainsi PPDA décidait pratiquement de tout, ce qui a fini par lui attirer beaucoup d'inimitiés. Il y a toujours beaucoup de luttes d'influence et donc de stress dans ces réunions la conférence a été préparée par la lecture détaillée de la presse, des dépêches d'agence (AFP..) triées, orientée bien sûr aussi sur l'emploi du temps du président de la République ou d'un événement gouvernemental particulier. Il est bien sûr aussi fréquent que des membres du gouvernement, des députés, sénateurs, maire de Paris, des conseillers de l'Elysée ou autres, expriment des souhaits, sans que l'on puisse honnêtement parler de pressions. C'est plutôt du genre : << allô, cher ami, x à l'appareil ; ne pensez-vous pas que cette visite du ministre du travail mériterait une couverture correcte d'une équipe du JT ? des informations importantes vont être données; vous me comprenez ? d'autant que l'opposition a eu avant-hier une longue interview chez vous.. je peux donc compter sur vous ? merci, c'est sympathique ; bien entendu, de mon côté, je n'ai pas oublié votre problème, je m'en occupe ; au revoir, cher ami. >> La conférence a plusieurs problèmes à régler : 1) quels sujets traiter ; 2) quelle longueur ; dans quel ordre ? Comment équilibre les affaires du pays et l'étranger ? L'ouverture du journal est considérée comme très importante, à la fois par le retentissement de l'événement mis en valeur, et parce qu'une "bonne accroche" fait que les téléspectateurs n'ont pas la tentation d'aller sur une autre chaîne. Le rédacteur en chef demande des propositions. Les discussions peuvent s'échauffer assez vite. Exemple : -- "on a 35 secondes sur un nouveau suicidé de France-Telecom, ce serait intéressant" -- tu nous gonfles avec tes suicidés, tu fais une fixation dessus ou quoi ? Le ministre du commerce qui s'exprime sur les exportations, c'est quand même autre chose" -- tu parles, il dit que des conneries, on va encore se faire traiter de lèche-bottes".. -- Bon, tranche le présentateur, moi je n'ouvre pas sur des sujets dont les gens se foutent, parlons plutôt de la déclaration de Barack Obama, mais trouvez-moi un traducteur moins con que la dernière fois.." je m'arrête là pour aujourd'hui. |
Boxer Membre banni
Nous a rejoints le : 24 Mai 2007 Messages : 1 494 Réside à : Marseille, maintenant IDF |
Autour de chaque responsable d'un JT, à des degrés divers, gravitent des équipes spécialisées. Par exemple, si on décide d'avoir une liaison satellite avec Washington, une équipe s'occupe de la technique, de l'intervenant, lui indique en gros quelles questions (pseudo-)spontanées vont être posées, et lui s'occupe sur place des moyens techniques : qui va le filmer, l'éclairer, vérifier la qualité du son.
le prompteur est contrôlé de A à Z par le présentateur. Parfois, il fait semblant de se référer à ses feuilles, parfois des détails nouveaux l'obligent effectivement à les regarder. Il est possible qu'il reçoive une info nouvelle à la dernière minute, l'obligeant à ajouter une phrase ou deux au prompteur. un JT est conçu pratiquement comme une opération militaire, mesurée à la seconde, et c'est à ce prix qu'il donne l'impression de la facilité et de la maîtrise des événements, dont en fait il ne relate qu'un infime partie, sans justification rationnelle. Les illustrations sont prévues par la conférence de préparation, et on sait le poids des images : par exemple, on décidera de couper les images d'une foule hostile ou au contraire trop favorable, sachant que, de toute façon, on passe son temps à se demander ce qu'on peut supprimer, étant donné la brièveté du JT face à l'histoire du monde. Mais on fera un gros plan sur un visage très émouvant, inondé de larmes, c'est souvent "vendeur". Une cause constante de friction entre FR2 et FR3 est l'exigence de qualité et de concision de la centrale parisienne par rapport aux provinciales, considérations auxquelles s'ajoutent le rejet d'un accent trop marqué de la part du journaliste régional. Parfois, FR3 Paris envoie carrément une équipe censée être plus professionnelle que la régionale (ce qui nous coûte de l'argent), parfois on se contente de passer les images de province en refaisant à Paris un commentaire considéré comme plus "professionnel". Paris emploie souvent la formule de Boileau : "qui ne sut se borner ne sut jamais écrire". Des erreurs grossières sont rares ; elles sont dues le plus souvent au manque de temps et parfois au manque de culture générale des journalistes (confondre la Wallonie et la Flandre est quand même un peu fort de la part de journalistes) ; ne pas savoir qu'une grand-messe est la seule expression correcte relève de lacunes religieuses inquiétantes. Le présentateur est finalement le responsable aux yeux du public, il doit s'excuser quand une bourde a été commise. Il va de soi que les dirigeants de la chaîne suivent eux-mêmes ou par délégation chaque JT, et tentent, en ménageant le présentateur qui a pour lui la force de l'audience, de l'infléchir dans un sens ou dans l'autre. Par ailleurs, il va de soi que chaque JT entraîne un certain nombre de réactions, qui descendent du haut de la hiérarchie : << Cher ami, nous sommes étonnés que vous ayez laissé dire à votre invité que le bouclier fiscal était une injustice majeure, votre sens critique est d'habitude plus réactif..>> Ce qui devient, pour le subordonné : << On pourrait peut-être leur dire que leur discours anti-gouvernemental est quand même assez répétitif, non ? le dialogue a été un peu plat, tu ne penses pas ? >> Un des problèmes récurrents est de devoir passer d'une nouvelle tragique (crash d'avion) à un sujet comique, ou plaisant, comme la sortie d'un film comique ; ils essaient souvent de mettre un sujet plus neutre entre les deux. Les présentateurs et journalistes sont hantés par la peur d'accrocher ou déformer le nom d'une personnalité, et passent beaucoup de temps à l'apprendre, afin de paraître assez naturels à l'antenne. Les hommes politiques font la même chose pour les noms des journalistes qui vont les interviewer, comme s'ils les avaient toujours connus, cela crée une certaine connivence amicale. Il ne faut jamais oublier que la télévision est un spectacle qui ne doit sentir ni l'improvisation ni la sueur de l'élaboration, la radio est de ce point de vue nettement plus authentique. Aucun présentateur n'apparaît sans être maquillé de façon précise, la sensibilité de la caméra ne permettant pas de le voir. On croit voir un visage naturel, il a en réalité une teinte rougeâtre. |
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